La danse-thérapie est une forme d’art-thérapie, qui vise à soigner grâce à la création artistique et à la danse. Originaire des Etats-Unis, la danse à visée thérapeutique présente de nombreux bénéfices pour améliorer l’état de santé de personnes atteintes de pathologies diverses. Encore relativement discrète en France, elle s’impose doucement comme méthode d’art-thérapie à part entière. Présentation d’une technique de soin qui gagne à être connue.
La danse-thérapie : une forme d’art-thérapie originaire du continent américain
L’idée que l’art peut avoir des vertus curatives est ancienne. En Europe, le courant en faveur des pouvoirs thérapeutiques de l’art s’est développé durant les années 20 grâce aux psychiatres, pour la plupart allemands et suisses. A cette époque, plusieurs de ces spécialistes constatèrent que, dans les hôpitaux psychiatriques, le dessin permettait d’apaiser les malades.
Ainsi, des médecins comme l’allemand Hanz Prinzhorn ou encore le suisse Walter Morgenthaler, auteur en 1921 d’un ouvrage intitulé Un malade mental en tant qu’artiste, font état dans leurs écrits de l’intérêt artistique des œuvres des malades (qualifiées par la suite d’art brut par Jean Dubuffet et André Breton), y relatent des anecdotes sur le processus créatif et surtout commencent à parler des fonctions libératrices du dessin sur les patients, qui participe à l’amélioration de leur état de santé.
Mais alors que sur le continent européen, les vertus thérapeutiques de l’art se concentrent au départ sur le dessin et la peinture pour améliorer la santé de certains patients atteints de maladies mentales, dès les années 1940, le potentiel thérapeutique de la danse intéresse outre-Atlantique.
En effet, sous l’influence de l’usage de la danse depuis des millénaires par les communautés indiennes à l’occasion de rituels de guérison ou de fertilité, son utilisation en tant qu’outil thérapeutique a suscité très tôt l’intérêt de la communauté scientifique aux Etats-Unis. Selon l’association américaine de danse-thérapie, les débuts de cet art-thérapie remontaient aux cours de danse organisés par Marian Chace.
Cette chorégraphe, danseuse de formation, s’est mise à s’intéresser à ses élèves et aux bénéfices qu’ils tiraient de la danse suite à un épisode personnel douloureux. Sa réputation d’enseignante spéciale s’est rapidement répandue, au point que des médecins et psychiatres lui envoient certains de leurs malades. Ainsi, dès 1942, elle est invitée à travailler à l’hôpital St. Elizabeth à Washington, un hôpital psychiatrique fédéral ouvert à de nouvelles méthodes de traitement de groupes. Elle y créa le premier atelier de danse-thérapie, avant de devenir thérapeute à temps plein en 1947. Une vingtaine d’années plus tard, elle fonde l’American Dance Therapy Association.
Par la suite, l’intérêt pour les vertus thérapeutiques de la danse n’eurent de cesse de se renforcer aux Etats-Unis et la danse-thérapie fit l’objet de plusieurs études, notamment en psychothérapie. Les bénéfices de cette pratique pour améliorer l’état de santé de malades atteints de pathologies variées aboutirent dès les années 1980 à une véritable reconnaissance de ce que les américains appellent la dance/movement therapy (DMT). Depuis, la danse-thérapie est une forme d’art-thérapie à part entière sur le continent américain. En France, elle reste une discipline encore peu connue d’art-thérapie, mais elle tend à se démocratiser.
Que l’on soit atteint de handicap ou non, les bénéfices de l’activité physique sur la santé ne sont plus à démontrer. D’après l’OMS, l’activité physique régulière entraine une amélioration globale de son métabolisme et agit aussi sur les risques de dépression en améliorant l’humeur !
Pour sa part, la création artistique présente aussi des intérêts bien réels. D’après une étude menée par l’université de Drexel aux Etats-Unis en 2016, la création artistique permet entre autres de réduire le stress et l’anxiété et ce, quel que soit le niveau du pratiquant, dès lors que l’activité est pratiquée 45 minutes.
L’intérêt de la danse-thérapie est donc de combiner à la fois les bienfaits de la création artistique et de l’activité physique. Ces vertus sont particulièrement intéressantes pour les personnes en situation de handicap tant moteur que mental.
Telle que pratiquée de nos jours, la danse-thérapie s’appuie sur l’anthropologie, la psychanalyse et la technique de l’expression primitive, tout droit venue des Etats-Unis et qui vise à renouer avec ses racines grâce à des rythmes balancés et des gestes simples, à l’image de ceux des danses populaires. Le travail du thérapeute est dans ce contexte de guider et d’accompagner les gestes des patients par la voix, pour augmenter la puissance émotionnelle qui ressort des mouvements, pour finir sur un temps d’écoute afin que les danseurs puissent exprimer leur ressenti.
Concrètement, les bénéfices tangibles de la danse-thérapie sont difficilement quantifiables. Toutefois, la pratique régulière de danse-thérapie a montré des améliorations notables de l’état de santé des pratiquants atteints de handicap divers, comme la maladie de Parkinson, la trisomie et plus généralement les déficiences intellectuelles ou encore l’autisme.
C’est justement pour améliorer l’état de santé des personnes atteintes de ces handicaps qu’a été fondé au Canada en 2013 au sein des Grands Ballets un Centre National de danse-thérapie. Cette division des Grands Ballets est une initiative unique au monde, dédiée à la promotion de la thérapie par la danse en intégrant de la recherche clinique mais aussi des formations destinées aux professionnels de la danse qui voudraient devenir thérapeutes.
En France, les ateliers de danse-thérapie sont moins connus mais la pratique se développe doucement. Preuve en est la création depuis octobre 2017, à la Pitié-Salpêtrière d’ateliers de danse-thérapie pour aider les patients atteints de la maladie de parkinson. Ces séances qui utilisent la technique de l’expression primitive montrent des effets prometteurs. Au bout de quelques séances, les malades constatent tous une amélioration de leur moral, se sentent moins isolés et remarquent surtout une amélioration de leur mobilité au quotidien qui leur permet de retrouver plus d’autonomie.
La danse-thérapie est de plus en plus enseignée en France, ce qui est une très bonne chose. Elle nourrit la multiplication d’ initiatives comme celles de la Pitié-Salpêtrière qui témoignent de l’intérêt croissant porté à la discipline, qui sera sans doute amenée à se développer dans les prochaines années. L’équipe pédagogique et chorégraphique de La Possible Échappée ne peut que se réjouir de ces avancées après plus de quatorze ans d’animation d’ateliers pédagogiques de danse à destination des personnes en situation de handicap. Nos professeurs ainsi que le corps médico-social avec qui nous travaillons depuis des années constatent une nette ouverture et mieux-être des participants suite à nos ateliers. A cet effet, dans le cadre de ses ateliers , l’association accueille régulièrement des stagiaires en danse Thérapie. Nous sommes convaincus des vertus de la danse pour le corps et l’esprit de tous, valides ou non.