L’inclusion des personnes en situation de handicap, qui sont près de 10 millions en France, est un véritable défi social. Les innovations technologiques portées par l’intelligence artificielle, la robotique mais aussi les technologies de l’information et de la communication tentent de répondre à ce défi. En développant des solutions originales et innovantes, les handitech sont porteuses d’espoir pour améliorer le quotidien des personnes vivant avec un handicap, mais aussi leur faciliter l’accès au monde du travail et à l’art.
Les innovations technologiques au profit des personnes atteintes d’un handicap : des solutions innovantes pour faciliter le quotidien
Le handicap est généralement abordé au singulier, appréhendé dans une approche globale. Santé Publique France le définit comme « toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie, dans son environnement, par une personne ; et ce pour quelque raison que ce soit ». Mais il recouvre en pratique des réalités très différentes. D’ailleurs, la loi du 11 février 2005 distingue cinq catégories de handicaps susceptibles d’affecter les « fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques ».
Face à des problématiques extrêmement variées, il est donc nécessaire de développer des solutions adaptées. C’est ce à quoi se sont attelés de nombreux entrepreneurs, qui ont mis en place des innovations techniques originales pour améliorer le quotidien des personnes atteintes d’un handicap. Si tout le monde connaît les appareils auditifs pour les malentendants, ou encore les fauteuils roulant pour les personnes à mobilité réduite, les dernières avancées sont ambitieuses et adaptées à des situations jusqu’alors sans réelles solutions.
Par exemple, la start-up Wyes, médaille d’or du concours Lépine en 2018, a développé une technique destinée à aider les personnes victimes de la maladie de Charcot. Cette pathologie neurodégénérative paralyse progressivement le corps et prive les malades de la parole. Seuls les yeux ne sont pas touchés et peuvent cligner normalement. Partant de ce constat, cette jeune entreprise a développé des lunettes imprimées 3D munies d’un capteur qui enregistre le clignement des yeux pour former des mots. Ces derniers sont ensuite retranscrits sur une tablette et permettent aux patients aphones de maintenir une forme de dialogue avec leur entourage.
Dans un tout autre domaine, on peut aussi citer Wandercraft, un exosquelette développé pour permettre aux personnes atteintes d’un handicap moteur et ne pouvant plus se déplacer de remarcher. Pour ceux qui ne peuvent plus marcher de façon autonome depuis longtemps, retrouver la sensation de se déplacer, voire la découvrir créé une émotion forte. Ce projet, pour le moment destiné aux déplacements dans les centres de soin, est réellement porteur d’espoir pour redonner de la mobilité à ceux qui l’ont perdue.
La technologie, vecteur d’intégration du handicap au travail
Si la technologie permet de faciliter le quotidien des personnes en situation de handicap, elle favorise aussi l’inclusion du handicap au travail. Certes, le droit français impose aux entreprises d’intégrer dans leurs effectifs des personnes en situation de handicap, mais en pratique, les travailleurs handicapés dans le milieu professionnel restent victimes de préjugés. En témoigne leur taux de chômage, aux alentours de 19%, soit le double du seuil des personnes valides.
Pourtant, la technologie offre aujourd’hui des solutions permettant d’inclure le handicap au travail, sans qu’il ne soit vraiment perceptible. L’exemple le plus parlant est sans doute celui des troubles de l’apprentissage. Ces troubles « dys » se déclinent en variantes multiples : dyscalculie pour les difficultés liées aux chiffres, dyslexie pour les troubles de lecture, dysphasie pour les difficultés de langage, etc.
Pour pallier aux difficultés des patients « dys », un grand nombre de logiciels existent. Par exemple, le programme AidoDys développé pour les dyslexiques permet, après définition des difficultés de lecture, de fluidifier la lecture en adaptant le texte aux interversions de lettres. Pour ce trouble, il existe également des stylo-lecteurs, qui lisent à voix haute les textes et limitent le temps perdu pour les comprendre.
Mais quel que soit le handicap, les employeurs bénéficient d’aides financières pour favoriser l’embauche et le maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés. Ces aides permettent notamment de financer les technologies nécessaires à l’intégration, dans de bonnes conditions, des personnes en situation de handicap. L’intégration des travailleurs atteints d’un handicap dans les entreprises relève donc aujourd’hui plutôt d’une appréhension fondée sur des préjugés qu’il faut combattre que de difficultés réelles.
La technologie pour faciliter l’accès à l’art aux personnes atteintes d’un handicap
Les personnes atteintes d’un handicap sont souvent dotées d’une capacité d’adaptation et d’une sensibilité hors normes, car elles doivent faire face à des difficultés bien plus importantes que les personnes valides. Un grand nombre d’artistes d’ailleurs sont atteints d’un handicap : le musicien Ray Charles est devenu aveugle durant son enfance, tout comme Gilbert Montagné, Leonardo Di Caprio est atteint de TOC, Tom Cruise est dyslexique, Beethoven est devenu sourd à trente ans, l’acteur Pascal Duquenne est atteint de trisomie 21…
Cette sensibilité propre aux personnes vivant avec un handicap doit donc pouvoir s’exprimer, c’est pourquoi leur assurer un accès à l’art se doit d’être une priorité. Dans ce contexte également, la technologie offre des solutions pour démocratiser l’accès à l’art. Par exemple, innovation technologique récente, on peut citer le Virtual fauteuil, un projet développé par la Fondation EDF. Il s’agit d’un simulateur relié à un écran destiné à se mettre dans la peau d’un visiteur dont la mobilité est réduite. Ce fauteuil virtuel est actuellement utilisé dans le cadre du projet de rénovation du musée de Cluny pour le rendre accessible à tous.
Les handitech sont plus que prometteuses pour faciliter l’existence des personnes vivant avec un handicap. Toutefois, la technologie ne doit pas occulter le fait que l’inclusion des personnes en situation de handicap passe avant tout par le lien humain, que ce soit pour améliorer leur quotidien, leur accès au monde du travail ou à l’art. C’est dans ce dernier domaine que La Possible Echappée par l’art scénique et la danse milite, pour donner la place qu’ils méritent à ceux qui vivent au quotidien avec un handicap.
Auteur : Mélanie Casier
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