Danse et autisme : valoriser l’expression de soi

Actualités Nuka Julien Lutt

“Danser, c’est comme parler en silence. C’est dire plein de choses sans dire un mot.”

Danser pour s’exprimer, s’évader, s’affirmer… Danser pour exister avec ses singularités, pour mettre des gestes sur une souffrance, une joie ou une pensée.

Rendre la danse et plus généralement la culture accessibles, c’est le cœur de notre projet associatif “La Possible Échappée” et de notre compagnie Regards en lignes. Mais qu’apporte réellement ce mode d’expression aux danseurs de notre association ?

Changer le rapport au corps 

Un corps différent, avec des membres parfois paralysés, manipulés uniquement par du personnel soignant. Un regard négatif sur un physique qui ne correspond pas aux standards de la société, une posture ou un visage marqués. Autant de différences qui peuvent être source d’angoisse et provoquer un sentiment d’infériorité pour les personnes concernées.

Prendre conscience de son corps et de ses possibilités, apprendre à valoriser cette enveloppe trop souvent mal-aimée, c’est l’un des moteurs de la danse.

Qu’il soit physique ou mental, le handicap peut être paralysant et notre pédagogie s’adapte à chaque personne. A travers des gestes adaptés, nos chorégraphes imaginent des créations mêlant tous les possibles, pour que la différence ne soit plus une source d’exclusion mais bien de création. 

Le rapport à soi et le rapport à l’autre peuvent ainsi s’expérimenter, s’exprimer à travers le contact physique, la peau en étant le vecteur privilégié. Fondée sur le contact physique, la danse redonne alors une certaine mobilité.

“La danse c’est quelque chose qui a trait avec ce que l’on appelle l’intime et elle advient à chaque fois qu’un corps se révèle à soi-même.” Meg Stuart, chorégraphe

L’autisme est aujourd’hui considéré comme un “handicap mental profond et permanent”. Il relève de ces trois symptômes : les troubles de la socialisation, de la communication et des comportements.

Quand on danse, la vue, l’ouïe et le toucher sont mobilisés, soit trois sens sur cinq. Le travail avec le miroir, l’observation de l’autre et du mouvement permettent de stimuler la vue. La musique, dont les vertus ne sont plus à prouver, mobilise l’ouïe. Quant au toucher, il est permis par les interactions avec les différents danseurs, ainsi qu’avec le chorégraphe. Cette triple stimulation possède des vertus non négligeables et placent ainsi l’art de la danse en véritable activité thérapeuthique.

Oublier le handicap

En rejoignant une troupe, le danseur fait partie d’un ensemble. Notre compagnie “Regards en Lignes” intègre des danseurs valides comme non-valides afin que les individus ne se démarquent plus par leurs différences mais par leurs compétences.

Le rapport avec le public est valorisant. Quand les ateliers aboutissent à la représentation d’un spectacle, c’est une consécration pour nos danseurs. “Le spectacle me permet d’être reconnue et de prouver que je suis capable de” disait Kathia, l’une de nos danseuses.

Le rapport à l’autre – problématique omniprésente dans le cas de l’autisme, par exemple – est modifié. La danse devient alors un moyen de communication en tant que tel et la création peut prendre forme.

Après tout, il suffit d’une lettre pour passer d’autiste à artiste.