Le handicap au cinéma est un sujet sensible et complexe à traiter. C’est d’ailleurs pour cela que les films sur cette thématique se font rares. Or le film PRESQUE de Bernard Campan et Alexandre Jollien brise les tabous sur le handicap avec humour. Le long-métrage, qui est le sixième pour l’ex-membre des Inconnus et qui permet au philosophe suisse de faire ses premiers pas dans le cinéma, traite de l’amitié et de la quête vers le bonheur.
Bernard Campan et Alexandre Jollien : L’histoire d’une amitié sincère dans la vie comme à l’écran
Tout est parti d’une envie commune entre les deux comparses de longue date : de l’amitié entre Bernard Campan et Alexandre Jollien est né un long-métrage courageux, réalisé et interprété avec subtilité et délicatesse.
Cette comédie dramatique sortie le 26 Janvier 2022 raconte l’histoire de Louis (Bernard Campan), Directeur d’une société de pompes funèbres à Lausanne. À 58 ans, Louis se consacre entièrement à son métier et ne songe pas un seul instant à partir en retraite. Fidèle à son image de croque-mort, Louis n’est pas très souriant, et se concentre uniquement sur les bienfaits que lui apporte son métier. Igor (Alexandre Jollien) a 40 ans, et il est infirme moteur cérébral. La plupart de son temps, il le consacre à la lecture, à l’écart du monde. Sa seule compagnie : Nietzsche, Socrate, et Spinoza.
Par un hasard qui n’appartient qu’à la vie, les chemins de Louis et Igor vont se croiser. Sur une prise de conscience, et sans réfléchir, Louis va décider d’emmener Igor avec lui. À deux dans un corbillard pour conduire au pied des Cévennes, la dépouille d’une certaine Madeleine. Au fil d’un trajet parsemé de rencontres étonnantes, ils vont apprendre à se connaître en profitant des moments simples, mais remplis de bonheur.
Drôle et bouleversant, ce film a pour objectif de sensibiliser sur le handicap et d’apporter une nouvelle vision sur la différence : une vision solidaire, inclusive et bienveillante. Il fait l’éloge de l’acceptation et du vivre-ensemble. « Presque » bouscule émotionnellement le spectateur et remet en question son regard et le jugement qu’il peut porter sur autrui. Selon Alexandre Jollien, « ce film est un appel à une société plus solidaire ». Il s’est porté volontaire pour ce long-métrage dans un seul but : « Aller au-delà de la honte, de la peur pour faire passer des idées, et inviter à un autre regard sur soi, le monde et les autres ».
Le long-métrage des deux amis a été très acclamé par les critiques de cinéma, qui le considèrent comme une sorte d’« ovni » dans le paysage du cinéma français. En effet, PRESQUE est un film auquel on ne s’attend pas. Le déroulement du film traverse diverses émotions toutes plus intenses et subtiles les unes que les autres. Le spectateur se laisse emporter dans ce road-movie en corbillard, passant du rire aux larmes, et de l’agacement à la compassion en un rien de temps.
Le public a également été très touché par ce long-métrage, et particulièrement par la prestation d’Alexandre Jollien, pour qui le rôle d’acteur est une première expérience. Les spectateurs ont parfaitement cerné la volonté du film, qui en plus de traiter un sujet comme le handicap, raconte l’histoire d’une amitié naissante grâce à la souffrance silencieuse de deux personnages que tout oppose. Une entente surprenante et émouvante, ayant réussi à traverser l’écran pour s’installer aux côtés de son public.
Alexandre Jollien : zoom sur un esprit vif atteint d’infirmité motrice cérébrale
Alexandre Jollien, philosophe et écrivain, est né le 26 novembre 1975 à Savièse en Suisse. Handicapé de naissance, suite à son étranglement par cordon ombilical, il est atteint d’infirmité motrice cérébrale. Après avoir vécu dix-sept ans de sa vie à Sierre (Suisse) dans une institution spécialisée pour les personnes handicapées moteur cérébral, Alexandre a étudié dans une école de commerce et s’est ensuite tourné vers des études de philosophie à l’Université de Fribourg. Il découvre Socrate à 14 ans, une rencontre qui bouleverse sa vie. La philosophie devient alors « une vocation, le goût des autres, une boussole, une invitation à vivre non pas mieux mais meilleur » De 2001 à 2002, il étudie au Trinity College du Dublin et y rencontre Corine avec qui il se mariera et aura 3 enfants : Victorine, Augustin et Céleste. Aujourd’hui, Alexandre essaie de vivre à fond ses 3 vocations : père de famille, personne handicapée et écrivain.
L’infirmité motrice cérébrale, appelé également paralysie cérébrale, est un trouble du mouvement et de la posture dû à une lésion non évolutive du cerveau immature (par convention avant 2 ans) Elle provoque de nombreuses difficultés physiques, dont la spasticité sévère.
La Fondation Paralysie Cérébrale a mené des appels à projets et soutenu plus de 75 travaux de recherche chaque année depuis sa création en 2005. Ce travail a permis d’accompagner ou d’accélérer des avancées importantes dans des champs aussi divers que les neurosciences, l’imagerie médicale, la biologie moléculaire ou cellulaire, la neuropédiatrie ou la rééducation.
Pour que ce travail de recherche continue de se traduire en progrès concrets dans la vie des personnes touchées, cet effort doit être soutenu et amplifié. Pour en savoir + sur la paralysie cérébrale: https://www.paralysiecerebralefrance.fr