Les cahiers pédagogiques sur la danse et le handicap d’André Fertier : Vol.3 Danse et handicap auditif

Récompensés du Prix Handi-Livres 2017 dans la catégorie Meilleur Guide, les trois cahiers pédagogiques d’André Fertier sur la danse et le handicap (Danse & handicap visuelDanse & handicap moteurDanse & handicap auditif) – auxquels ont participé Anne-Marie Sandrini et Kathy Mépuis, respectivement présidente et directrice artistique de La Possible Échappée – ont été conçus à la manière de mémentos pratiques. Ils sont destinés aux enseignants et professionnels de la danse désireux de s’investir dans une démarche d’accessibilité.

Le dernier tome Danse & handicap auditif explore les bonnes pratiques et solutions d’aménagements des lieux de spectacle et d’enseignement mais aussi les approches chorégraphiques adaptées aux publics atteints de surdité. Retour sur quelques bonnes pratiques à adopter. 

L’accès au patrimoine chorégraphique des personnes en situation de déficience auditive 

La déficience auditive désigne la perte partielle ou totale (surdité) de l’acuité auditive. Le handicap auditif peut être congénital, transmis par la mère au cours de la grossesse ou acquis, suite à une maladie infectieuse, à l’exposition à un bruit excessif ou au vieillissement.

D’après l’Organisation mondiale de la santé, 466 millions de personnes dans le monde souffrent d’une déficience auditive handicapante (perte d’audition supérieure à 40 décibels dans la meilleure oreille à l’âge adulte, 30 décibels chez les enfants) parmi lesquelles 34 millions d’enfants. De plus, 1,1 milliards de jeunes s’exposent à un risque de déficience auditive en raison d’une exposition au bruit excessive dans un cadre récréatif. Rien qu’en France, selon l’enquête Handicap-Santé, 10 millions de personnes rencontrent des problèmes d’audition, dont un français sur deux ayant plus de cinquante ans.

Il est aujourd’hui possible de corriger la plupart des déficiences auditives grâce à des appareils de plus en plus sophistiqués et discrets, au point que ceux qui en sont équipés peuvent ne plus être gênés pour la pratique artistique. Mais lorsqu’il n’est pas corrigé, ou imparfaitement, le handicap auditif n’est pas sans conséquence sur la qualité de vie des personnes qui en souffrent : maux de tête, acouphènes, difficultés de concentration, de communication et de compréhension des autres. Autant de troubles qui entraînent dans certains cas isolement, perte de confiance en soi voire dépression.

Il est courant de croire que la déficience auditive n’impacte pas l’accès aux spectacles de danse, art intimement lié à la vue. Pourtant, en dehors des difficultés liées à la perception des créations sonores, les personnes sourdes et malentendantes rencontrent souvent des difficultés de compréhension des œuvres et d’accès aux lieux de spectacles.

Pour rendre les lieux de spectacles accessibles aux personnes sourdes et malentendantes, deux types d’aides techniques sont souvent utilisés : le sur-titrage qui consiste à projeter du texte, en général au-dessus de la scène, et les boucles à induction magnétique. Ces boucles permettent d’entendre des sources sonores en s’affranchissant de la distance, du bruit ambiant et des phénomènes d’échos et de réverbérations sonores.

Outre ces aides techniques, certaines salles jouent sur le placement en réservant certaines places à proximité de la scène aux personnes en situation de handicap et font usage d’installations sonores qui favorisent l’entente sonore et la lecture labiale. Toutefois, l’accès même aux spectacles reste conditionné à une véritable communication préalable, permettant aux personnes en situation de difficultés auditives de connaître les spectacles accessibles.

A défaut d’accès direct, le numérique est un palliatif particulièrement intéressant pour les personnes atteintes d’un handicap auditif. En effet, la possibilité d’utiliser un casque qui amplifie le son sans bruits parasites alentours à domicile et de bénéficier du sous-titrage pour certaines œuvres offrent de bonnes conditions d’accès aux œuvres. On notera l’excellent travail de la Cie Danse des Signes qui rend accessible la chanson , des œuvres d’art, ou des chorégraphies par la langue des signes. Des sites comme NuméridanseIna ou Arte concert proposent ainsi de nombreux spectacles dansants en différé.

L’accès aux lieux d’enseignements et aux cours de danse des personnes en situation de handicap auditif

La plupart des personnes ayant de troubles auditifs s’interdisent la pratique de la danse en raison de leur surdité. La danse étant liée à la musique, les malentendants considèrent que cet art, contrairement à d’autres pratiques artistiques et sportives, leur sont inaccessibles. Pourtant, de nombreuses solutions permettent de dépasser cette difficulté pour rendre accessible les cours de danse aux élèves souffrant d’une baisse de leur acuité auditive.

Mais avant d’accueillir une personne en situation de handicap auditif – et cela est valable quel que soit le handicap – il est primordial d’engager une réflexion globale sur l’accessibilité des cours de danse, des formations et des locaux. Comment communique-t-on ? Les locaux sont-ils accessibles physiquement ? Le dispositif de sécurité permet-il de protéger également les élèves en situation de handicap ? Notre site internet fait-il référence à notre politique d’accessibilité ? Toutes ces questions doivent être posées en amont, dans le cadre d’une réflexion initiée avec tout le personnel.

Par ailleurs, pour garantir l’accueil d’un élève en situation de déficience auditive dans de bonnes conditions, il convient de préparer sa venue en définissant son projet personnel. Il est primordial de s’entretenir avec l’élève et/ou ses parents afin de pouvoir l’orienter vers des objectifs adaptés, des cours lui permettant de s’épanouir. L’entretien préliminaire est aussi l’occasion pour l’enseignant de réfléchir à l’adaptation de ses méthodes d’enseignement, si nécessaire en prenant contact avec des associations.

L’accueil au premier cours est aussi un évènement auquel il convient de porter une attention particulière. Il doit permettre d’engager une discussion entre les élèves pour évoquer le handicap, sans barrières ni lourdeurs. Chacun doit être en mesure d’exprimer ses attentes, ses éventuelles craintes, de se présenter.

Les personnes atteintes de surdité vivent dans un monde visuel et ont souvent des difficultés de communication. Les appareils auditifs n’étant pas toujours adaptés à la pratique sportive, il est nécessaire de développer des chemins d’apprentissage qui permettent à l’élève de comprendre et se faire comprendre. Si la reproduction des mouvements basés sur les capacités visuelles ne pose pas de problèmes, la compréhension orale et la danse en musique peuvent être plus compliquées. L’enseignant peut bien entendu utiliser la langue des signes si l’élève et lui-même la maitrisent ou apprendre quelques signes et les faire apprendre à tous les élèves. Il peut aussi privilégier la formation en cercle et l’utilisation de miroirs qui facilitent la lecture labiale. Bien entendu, dans ce cas, la luminosité de la salle devra permettre la lecture labiale et l’enseignant devra être attentif à son articulation et à l’utilisation de jeux de regards pour se faire comprendre.

D’autres méthodes d’apprentissage favorisent pour leur part la danse sans musique, en se concentrant sur le poids du corps et les appuis. Il est également possible d’utiliser des images pour initier le travail poétique habituellement fait avec les mots ou les vibrations, perçues par tous grâce au système sensoriel du corps (on parle alors de sono-somesthésie). Les possibles sont infinis dès lors que l’élève et l’enseignant travaillent ensemble et communiquent. Au final, il n’y a pas de méthode toute faite d’apprentissage, l’enseignement de la danse est le fruit d’une co-construction, d’une relation de confiance entre un élève et son enseignant. A titre d’exemple, les créations de la compagnie de danse Gaullaudet Dance Company interprétées par des personnes mal entendantes montrent à merveille l’aboutissement de cet apprentissage.

A La Possible Échappée, nous sommes convaincus que le handicap auditif n’est pas un frein à l’apprentissage de la danse et à l’accès aux spectacles dansants. Au contraire, la différence invite à trouver de nouvelles voies d’apprentissage. La pratique de la danse en situation de handicap est une richesse, tant pour l’enseignant que les élèves. Nos ateliers pédagogiques et notre compagnie de danse Regards en Lignes en sont la preuve : en étant à l’écoute de l’autre, en comprenant les besoins de chacun, la création s’invite toujours dans la danse. 

Les cahiers pédagogiques sur la danse et le handicap d’André Fertier : Vol.2 Danse et handicap moteur

Récompensés du Prix Handi-Livres 2017 dans la catégorie Meilleur Guide, les trois cahiers pédagogiques d’André Fertier sur la danse et le handicap (Danse & handicap visuelDanse & handicap moteurDanse & handicap auditif) ont été conçus à la manière de mémentos pratiques pour les enseignants et professionnels de la danse désireux de s’investir dans une démarche d’accessibilité. 

Le deuxième tome, Danse & handicap moteur, explore les bonnes pratiques et solutions d’aménagements des lieux de spectacle et d’enseignement mais aussi les approches chorégraphiques adaptées aux publics présentant des difficultés motrices. Retour sur quelques bonnes pratiques à adopter. 

L’accès au patrimoine chorégraphique des personnes en situation de handicap moteur 

Le handicap moteur recouvre des réalités très variables tant la nature et le degré des déficiences peuvent être différentes selon l’individu, son âge et les conditions environnantes. Les déficiences motrices, qu’elles soient légères (en raison de l’arthrose ou de rhumatismes) ou lourdes (tétraplégie, paraplégie, hémiplégie) affectent de façon durable les capacités motrices des personnes qui en sont atteintes, entrainant difficultés de déplacement, de coordination ou de locomotion.

D’après l’Organisation mondiale de la santé, entre 110 et 190 millions de personnes dans le monde connaissent des difficultés sérieuses sur le plan fonctionnel. En France, plus de huit millions de personnes sont touchées par une déficience motrice, dont 600 000 sont hémi-, para- ou tétraplégiques.

Les personnes à mobilité réduite connaissent de réelles difficultés d’accès aux lieux culturels, malgré l’affirmation d’un droit d’accès à la culture pour tous par la loi Handicap du 11 février 2005, à la suite de laquelle un certain nombre de lieux culturels ont modifié leur politique d’accessibilité. Dans ce contexte, le numérique est un excellent moyen pour accéder aux spectacles.

Différents outils permettent de visionner des spectacles comme les sites respectant le RGAA (Référentiel général d’accessibilité pour les administrations), le World Wild Web Consortium, les sites proposant des diffusions en différé (Arte concert, medici.tv) ou les fonds documentaires avec ressources audiovisuelles (numeridanse.tv, Ina.fr, ou le fonds documentaire de la médiathèque du Centre national de la danse). De plus, les personnes dont le taux d’incapacité est égal ou supérieur à 80% peuvent bénéficier de l’exception au droit d’auteur et aux droits voisins, ce qui leur permet d’accéder gratuitement à certains fichiers numériques sur demande auprès d’associations agréées.

L’accès aux lieux d’enseignements et aux cours de danse en présence de difficultés motrices

Pour proposer un enseignement à la danse aux personnes en situation de handicap moteur, il convient au préalable de garantir l’accessibilité des lieux d’enseignements de la danse. Cela nécessite de prendre en compte un grand nombre de données, comme l’offre culturelle, les modalités de communication et d’information et plus classiquement les modalités d’accès aux bâtiments et aux salles de danse. Ce n’est que lorsque le lieu d’enseignement est accessible qu’il est alors possible de réfléchir à l’accueil des personnes en situation de déficiences motrices aux cours de danse.

La danse est un apprentissage qui nécessite un investissement conjoint de l’élève et de l’enseignant. Face au handicap, l’enseignant doit faire preuve d’une capacité d’adaptation particulièrement importante pour permettre tant à l’élève atteint de difficultés motrices qu’à ses autres élèves de bénéficier pleinement de l’enseignement artistique.

C’est la raison pour laquelle, quel que soit le handicap, une définition claire du projet de l’élève préalable est nécessaire. Il s’agit de s’entretenir avec l’élève et ses parents si nécessaire pour appréhender concrètement ses difficultés et l’orienter vers des objectifs adaptés, voire un type de danse, sans pour autant le contraindre dans ses choix. L’entretien préliminaire est également l’occasion pour le personnel enseignant de se rapprocher des autres professionnels en contact avec l’élève, afin de cerner aux mieux ses besoins.

Le premier cours est un autre moment charnière de l’enseignement de la danse. Il convient d’aborder l’arrivée de l’élève en situation de handicap sur des bases constructives et positives en instaurant un temps de dialogue pour répondre à toutes les questions avec simplicité et sans tabous. Les clefs d’une bonne intégration relèvent donc essentiellement de l’enseignant, qui doit savoir faire preuve de pédagogie et de qualités relationnelles.

L’apprentissage de la danse en présence d’une personne en situation de handicap moteur nécessite en outre une véritable conscience des troubles associés au handicap. Si l’apprentissage découle en partie de la répétition des mouvements, il est nécessaire de s’adapter, de comprendre et de donner envie de faire tout en respectant le corps et ses limites. Ainsi, face à un élève en fauteuil, l’enseignant peut par exemple l’inviter à se déplacer dans l’espace d’une certaine manière lorsque le mouvement à effectuer met l’accent sur le bas du corps. De même, l’enseignant peut prévoir l’utilisation d’objets médiateurs, comme des béquilles, instrument de prédilection du danseur de break dance Dergin Tokmak, paralysé des jambes. In fine, il n’existe pas de méthodes préconçues d’apprentissage de la danse en présence du handicap : tout est question d’adaptation, de respect de la relation à l’autre et de créativité.

La créativité et l’adaptation nécessaires pour permettre à des personnes en situation de difficultés motrices de pratiquer la danse rendent chaque duo enseignant-élève unique. Cela nécessite parfois de désapprendre pour mieux réapprendre, de se réapproprier les mouvements. A La Possible Échappée, nous sommes convaincus que la danse en situation de handicap est une richesse, tant pour les élèves que les enseignants. Nos ateliers pédagogiques et notre compagnie de danse Regards en Lignes en sont la preuve : en favorisant l’écoute et la compréhension de l’autre, nous faisons de la différence une source intarissable de création.

Les cahiers pédagogiques sur la danse et le handicap d’André Fertier : Vol.1 Danse et handicap visuel

Récompensés du Prix Handi-Livres 2017 dans la catégorie Meilleur Guide, les trois cahiers pédagogiques d’André Fertier sur la danse et le handicap (Danse & handicap visuelDanse & handicap moteurDanse & handicap auditif) – auxquels ont participé Anne-Marie Sandrini et Kathy Mépuis, respectivement présidente et directrice artistique de La Possible Echappée – ont été conçus à la manière de mémentos pratiques. Ils sont destinés aux enseignants et professionnels de la danse désireux de s’investir dans une démarche d’accessibilité. 

Le premier tome, Danse & handicap visuel, explore les bonnes pratiques, les solutions d’aménagement des lieux de spectacles et d’enseignement mais aussi les approches chorégraphiques adaptées aux publics en situation de déficience visuelle. Retour sur quelques bonnes pratiques à adopter. 

Permettre l’accès au patrimoine chorégraphique aux personnes en situation de handicap visuel 

D’après l’OMS, à l’échelle mondiale, près d’1,3 milliards de personnes sont en situation de déficience visuelle. Ces déficiences vont de difficultés légères à voir de loin (188,5 millions de personnes) à la cécité (36 millions de personnes), en passant par les déficiences visuelles modérées et sévères (pour 217 millions de personnes). Les problèmes de vue touchent en majorité un public relativement âgé (+ 50 ans). En France, on estime à 2 millions le nombre de personnes malvoyantes dont 207 000 aveugles d’après la Fédération des aveugles et amblyopes de France.

Contrairement à d’autres formes d’art comme la musique, la danse est une pratique artistique éminemment liée à la vue. Le patrimoine chorégraphique fait appel aux gestes, aux mouvements, à l’utilisation de l’espace : autant d’éléments difficilement accessibles aux personnes en situation de handicap visuel. Mais la transmission du patrimoine chorégraphique à ce public particulier n’est pourtant pas impossible. Le cahier pédagogique Danse & handicap visuel énumère en effet plusieurs outils permettant de faire comprendre les œuvres et de transmettre les émotions qu’elles suscitent.

Il est par exemple possible de recourir à l’audio-description, pour décrire les éléments visuels d’une œuvre (comme les décors, les personnages, les actions, l’ambiance). Mais cette technique, quand elle est disponible, se heurte cependant à une difficulté de taille : quels mots peuvent décrire correctement un mouvement ?

C’est pour cette raison que d’autres techniques alternatives et/ou complémentaires sont appréciées, comme le recours aux documents adaptés. Ils visent à transmettre l’information aux personnes présentant un handicap visuel par exemple en utilisant de gros caractères, le relief ou le braille. Pour créer de tels documents, on peut notamment se référer aux outils FALC – Facile à Lire et à Comprendre.

Dans une approche différente, basée sur le toucher, certains lieux de spectacle proposent des visites tactiles en amont des représentations, assorties parfois d’outils de médiation pour faciliter la compréhension du spectacle.

Enfin, certaines créations chorégraphiques ont été pensées pour être accessibles sans la vue, comme les créations des chorégraphes Nicole Seiler ou Didier Silhol.

Rendre accessible l’enseignement de la danse et les lieux d’enseignement 

Pour que les cours de danse soient accessibles aux personnes en situation de déficience visuelle, encore faut-il que les lieux d’enseignement soient accessibles. Cette accessibilité nécessite de reconsidérer un ensemble de paramètres, comme le bâtiment en lui-même, l’accueil, la formation du personnel. Pour se faire, il est nécessaire de mobiliser l’ensemble du personnel de l’établissement, mais aussi les élèves et leurs parents, dans une approche globale et concertée.

Pour rendre un lieu plus accessible, il est pertinent par exemple de réaliser des travaux destinés à faciliter l’accès aux salles de danse, aux locaux annexes (toilettes, vestiaires) et l’utilisation des salles (installation de marquages visibles au sol, de repères olfactifs ou auditifs), de revoir les procédures de sécurité en cas d’urgence, de définir les cours accessibles, de développer des partenariats avec des associations locales spécialisées.

Quant à l’apprentissage de la danse en lui-même, il est le fruit d’interactions entre les élèves et leur enseignant. Cela nécessite de l’enseignant une grande capacité d’adaptation, d’écoute et d’empathie pour réussir à s’adresser à un public riche de diversité, en particulier lorsqu’il s’agit d’intégrer un élève en situation de handicap.

Pour que l’enseignement soit constructif, tant pour l’élève malvoyant que pour le reste du groupe, le cahier pédagogique consacré au handicap visuel recommande au préalable de définir correctement le projet personnel de l’élève. Il est impératif de connaître ses besoins mais aussi ses possibilités d’accompagnement et d’en discuter au cours d’un entretien. Ce dernier est également l’occasion de conseiller l’élève, de lui expliquer le fonctionnement de l’établissement, le déroulement d’un cours et, si besoin, de l’orienter vers certains types de danse, sans toutefois tomber dans les clichés.

Une fois le projet défini et la salle préparée, l’accueil au premier cours est également un moment particulièrement important. Intégrer correctement l’élève au groupe et lui donner des repères lui permettront de comprendre le déroulement d’un cours et de se déplacer dans le studio de danse. Pour cela, il ne faut pas hésiter à organiser un temps de parole collectif et à aborder les différentes questions qui pourraient se poser, sans tabou et en toute simplicité.

Enfin, les techniques d’apprentissage de la danse doivent également être adaptées et évolutives, pour prendre en compte les particularités de l’élève malvoyant ou non-voyant. L’apprentissage des postures résulte souvent d’une reproduction par mimétisme visuel, ce qui peut poser de réelles difficultés pour les personnes en situation de déficience visuelle. L’enseignant devra être particulièrement attentif et guider l’élève en situation de handicap, que ce soit par les mots, par le toucher, l’utilisation d’objets sonores ou d’objets médiateurs.

Comme le conclut le cahier pédagogique d’André Fertier, la pratique de la danse par les personnes en situation de handicap visuel soulève de nombreuses interrogations pour les enseignants et les professionnels de la culture. Il est en effet difficile de comprendre comment les malvoyants et non-voyants se représentent le corps en mouvement. Mais la pratique de la danse et les spectacles dansants vont bien au-delà de la vue. La danse offre de nombreuses possibilités pour transmettre savoirs et émotions. Les enseignants doivent se percevoir avant tout comme des passeurs d’émotions et de la conscience du corps en mouvement. Cette vision concorde totalement avec celle de La Possible Échappée : lors de nos ateliers pédagogiques, l’élève est au cœur du processus, l’enseignant est avant tout un guide vers une plus grande confiance en soi, vers une découverte de ses possibilités.

Esquisse, le spectacle de la Compagnie Regards en Lignes à ne pas rater !

L’AFRT 78 vous présente le spectacle de danse Esquisse de la compagnie Regards en Lignes samedi 19 novembre 2022 ! 

Organisé pour soutenir la recherche sur la trisomie 21, l’événement aura lieu à Montigny-Le-Bretonneux à 19h00 dans la salle Jacques Brel.

Réservez vos billets dès maintenant !

Prix d’entrée : 20 euros

Contact : jacques0costils@hotmail.com

Téléphone : 0681808095

Etre DYS et artiste, c’est possible !

Le 15 octobre 2022 s’est tenue la 16ème journée nationale des DYS. Cette année il est mis l’accent sur l’aspect « invisible » des Dys : “les Dys : 7 millions d’invisibles”. Zoom sur ces troubles des apprentissages encore trop méconnus qui n’occultent en rien la pratique artistique et l’expression des talents par les arts vivants.

On a tous un aspect DYS en nous !

On qualifie en général une personne atteinte de troubles DYS, une personne rencontrant des troubles cognitifs spécifiques durables. Il s’agit plus spécifiquement de dysfonctionnements des fonctions cognitives du cerveau relatives au langage (écrit ou oral), au calcul, au geste et à l’attention, mais sans déficience intellectuelle globale, voir même parfois associés aux hauts potentiels. 7 millions de personnes seraient concernées en France, peu ou prou.

Les troubles suivants sont souvent marqueurs de personnes DYS, sans pour autant enfermer une personne dans une catégorie :
la dyslexie : il s’agit d’un trouble spécifique des apprentissages avec un déficit en lecture. Très concrètement, ce trouble se manifeste par des confusions et inversions de sons et de lettres, des fautes d’orthographe voire une écriture lente et illisible.
la dyscalculie : ce trouble a pour conséquence un déficit du calcul. Il s’agit d’une altération de la capacité à comprendre et à utiliser les nombres. Ce trouble affecte les différentes tâches liées au calcul et comptage ainsi que la mémorisation des faits numériques.
la dyspraxie : il s’agit ici d’un trouble qui occasionne des difficultés dans les gestes, les jeux, l’écriture … La dyspraxie est fréquente et touche 5 à 7% des enfants de 5 à 11 ans. Ce trouble perturbe leur quotidien ainsi que leur scolarité.
la dysgraphie : on parle de dysgraphie lorsque le trouble affecte l’écriture et son tracé. Elle se concrétise par une écriture manuelle soit trop lente, soit illisible, demandant un effort cognitif majeur.
la dysphasie : la nature des troubles touche spécifiquement le développement du langage oral et peut toucher les aspects réceptifs (décoder le langage reçu) et / ou expressifs (phonologie, syntaxe …).
TDA / H : il s’agit d’un trouble déficitaire de l’attention qui se caractérise par une tendance excessive à la distraction, par des difficultés à soutenir l’attention et par une sensibilité à l’effort cognitif.
Haut potentiel : anciennement appelée “surdouée”, la personne à haut potentiel est dotée de capacités intellectuelles significativement supérieures à la norme. Le haut potentiel est scientifiquement défini par une Quotient Intellectuel (QI) supérieur à 130.

Quels sont les problèmes les plus fréquents pour les DYS ?

Les troubles DYS sont tous spécifiques et impactent ainsi de manière très différente le quotidien des personnes diagnostiquées DYS. Néanmoins, elles doivent toutes faire face à une difficulté liée à ce handicap : son invisibilité ! Ces handicaps sont dès lors très difficiles à porter et très handicapants au quotidien du fait de leur invisibilité.

Plus concrètement, les personnes DYS rencontrent diverses problématiques au quotidien : pour un dyslexique par exemple, écrire peut s’avérer être un véritable calvaire tout comme lire une ordonnance ou un journal. Compter de la monnaie pour une personne atteinte de dyscalculie est très compliqué. La dyspraxie empêche quant à elle de se mouvoir comme on l’aimerait …

Ce problème de santé publique toucherait aujourd’hui un à 2 élèves par classe ! Il pose des défis d’organisation des soins à l’échelle nationale ainsi qu’une meilleure sensibilisation à ces troubles afin de pouvoir les détecter le plus tôt possible et ainsi offrir l’accompagnement nécessaire.

Donner accès à l’art et à la culture aux personnes DYS

Avec 7 millions de DYS sur notre territoire, la 16ème édition de la journée nationale des DYS nous rappelle que nombreux sont les enjeux et les défis liés à ces troubles. Le premier défi est bien sûr de faire connaître au plus grand nombre ces troubles afin que les DYS soient le plus possible compris, intégrés dans la société et accompagnés au quotidien.

L’association La Possible Echappée œuvre plus spécifiquement à donner accès à la culture et à la pratique artistique au plus grand nombre. L’Association, en partenariat avec l’association DMF, a porté trois créations théâtrales interprétées par des artistes dyspraxiques, « lever la main et dites je le jure » et « affaire classée ». Lors de la dernière création, en 2017, l’équipe de La Possible Échappée a accompagné, avec une comédienne experte dans l’écriture, 7 jeunes porteurs de dyspraxie dans un travail autobiographique mis en scène dans un spectacle intitulé “Zone Trouble” après un an d’exploration scénique. Ce spectacle, interprété par des acteurs DYS, invitait les spectateurs à partager et vivre en leur compagnie les tribulations d’un diagnostic pas comme les autres, entre curiosité et conviction. Ce spectacle avait ainsi pour but de faire découvrir l’univers des porteurs de ce trouble. Fait de combats et d’humour, cette représentation artistique posait un nouveau regard sur l’invisible des perceptions.

La Possible Échappée donne ainsi la possibilité à des DYS d’exprimer leurs talents, d’être reconnus et applaudis, d’accéder à la culture et à l’art, tout simplement de devenir le temps d’un spectacle de vrais artistes ou plutôt de vrais artDYS. Pour en savoir plus sur les ateliers pédagogiques de l’association : https://la-possible-echappee.fr/nos-ateliers-pedagogiques/

> Pour en savoir plus sur la compagnie de danse inclusive Regards en Lignes

Art et autisme, un duo gagnant

A l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme le 2 avril dernier, nombreux sont ceux qui ont découvert que ce handicap touchait aujourd’hui une personne sur 100 en France. De quoi réveiller les pouvoirs publics mais aussi l’ensemble de la société pour mieux intégrer les personnes touchées par l’autisme au sein de la cité. L’art et l’accessibilité aux activités artistiques sont des moyens indispensables au XXIème siècle pour donner la parole aux personnes atteintes d’autisme et les inclure enfin !

Qu’est-ce que l’autisme ?

Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), environ 700 000 personnes auraient un trouble du spectre autistique (TSA) en France, dont 100 000 ayant moins de 20 ans ! Actuellement, 8 000 enfants autistes naîtraient tous les ans, soit environ une personne sur 100. Mais qu’est-ce que l’autisme ?

Contrairement à ce que bon nombre de Françaises et Français tendent encore à croire, l’autisme n’est pas une maladie mentale. L’autisme est un trouble neuro-développemental. Les symptômes, qui sont le plus souvent perceptibles dès l’âge de 3 ans, sont dus à un dysfonctionnement cérébral. Depuis 1996, l’autisme est d’ailleurs reconnu officiellement comme un handicap.

Les personnes autistes perçoivent le monde d’une façon différente. Le TSA, trouble du spectre de l’autisme affecte ainsi souvent le développement de l’enfant sur différents aspects :

  • La communication : le langage, la compréhension, le contact visuel …
  • Les interactions sociales : perception et compréhension des émotions, gestion des émotions, relations sociales avec l’autre, jeux …
  • Le comportement : intérêts et activités spécifiques restreints, mise en place de routines, etc …

Pourquoi l’accessibilité à l’art est-elle un enjeu pour les personnes autistes ? Comment l’art peut-il les aider ?

Les personnes atteintes d’autisme ont très souvent une sensibilité accrue au monde qui les entoure, aux bruits, aux textures, aux personnes … Elles se sentent souvent agressées et peuvent très rapidement se mettre à part, devenir mutiques ou encore devenir agressifs. Ils rencontrent très souvent des difficultés pour définir, gérer et communiquer leurs émotions. Depuis une dizaine d’années, l’art au sens large est considéré comme un outil éprouvé pour libérer la parole de ces personnes et leur permettre de communiquer autrement leurs émotions.

Les ateliers d’expressions corporelles, de danse et de théâtre permettent notamment aux enfants comme aux adultes atteints d’un trouble autistique de développer la perception corporelle, les mouvements, l’équilibre ou encore la coordination. La danse permet notamment de mieux appréhender leur corps dans l’espace, de mieux se mouvoir et de communiquer des idées ou des sentiments au travers de la gestuelle. C’est ce que l’on appelle l’art-thérapie.

Les enfants atteints d’autisme pensent très souvent en termes de visuel. Ainsi le travail de création artistique par l’image, la lumière ou encore la musique leur permettent d’exprimer des idées et des sentiments qu’ils n’auraient pu exprimer autrement. Grâce à la musique et au théâtre, les autistes peuvent développer leur ouïe, leur concentration mais aussi mieux appréhender les relations aux autres. En effet, le théâtre – au même titre que la danse d’ailleurs, nécessite une écoute, une ouverture de soi vers l’autre et un travail avec l’autre.

L’art-thérapie et la danse-thérapie soulagent la pression de la socialisation et permettent aux enfants & adultes atteints de TSA d’établir des liens avec l’extérieur. Grâce au travail du mouvement des corps, à la musique et au travail de groupe, les artistes autistes prennent ainsi contact avec le monde qui les entoure et surtout avec eux-mêmes. L’art est un moyen crucial pour eux d’exprimer leurs émotions profondes, leurs ressentis et leurs préférences.

Art et autisme, un champ des possibles infini

Vous l’avez compris, l’autisme et l’art ne sont aucunement incompatibles, bien au contraire. On pourrait croire que l’autisme est un handicap limitant, étouffant le talent et la créativité. Il en est tout autrement si on offre des moyens d’expressions artistiques aux personnes autistes. En témoigne d’ailleurs la longue liste d’artistes talentueux porteurs de ce handicap : Tim Burton, James Taylor, Michel Ange, Kandinsky, Van Gogh ou encore Mozart et Beethoven ! La liste est longue et démontre que l’autisme peut être une force. Il s’avère que les artistes autistes ont une approche souvent très singulière, une sensibilité inédite, une signature artistique en somme.

C’est aussi ce que constatent les équipes pédagogiques de La Possible Échappée. Que cela soit dans le cadre d’ateliers pédagogiques au sein d’établissements spécialisés ou au sein de sa propre compagnie de danse Regards en Lignes, les artistes porteurs d’un trouble du spectre de l’autisme ont une sensibilité artistique et une approche à part. Grâce à l’écoute attentive de leurs différences, les artistes professionnels de La Possible Échappée leur permettent d’exprimer leurs talents et d’interagir avec le groupe d’artistes dans des créations où chacun trouve sa place.

Le chemin est encore long quant à l’inclusivité et à l’accessibilité de l’art et de la culture pour les personnes porteuses de handicap. Néanmoins, ces dernières années, force est de constater que les choses bougent. De plus en plus de séries abordent le sujet de l’autisme de manière décomplexée, en témoigne le succès de la série Atypical, Good Doctor ou encore The Big Bang Theory avec le désormais célèbre Sheldon ! C’est grâce à cette visibilité et à une meilleure accessibilité à l’art et à la culture que les personnes atteintes d’autisme pourront enfin se sentir mieux … à minima mieux intégrées dans la société.

> Pour en savoir plus sur la compagnie de danse inclusive Regards en Lignes

> Pour en savoir plus sur les ateliers pédagogiques

La technologie et le handicap : des solutions pour faciliter le quotidien

À l’heure où l’inclusion des personnes en situation de handicap est un véritable enjeu dans notre société, la technologie peut améliorer leur quotidien et aide à l’égalité pour tous. En France, 12 millions de personnes peuvent être considérées comme porteuses d’une incapacité ou d’un handicap soit 17% de la population française.

Le handicap se vie au quotidien, en faisant face à nombre difficultés : un chemin que tout le monde ne peut pas emprunter, un dispositif que tout le monde ne peut pas utiliser, une annonce que tout le monde ne peut pas voir ou entendre. Le regard des autres peut aussi être une source de difficultés, voire de souffrance : selon une enquête OpinionWay,  44 % des personnes en situation de handicap disent ressentir de la gêne chez l’autre lors d’une première rencontre. Manque de structure d’accueil, manque de visibilité ou de considération, peur de la différence conduisant à son isolement… tous ces obstacles complexifient l’intégration du handicap dans la société.

Aujourd’hui, la technologie permet de briser nombre de ces obstacles !

En premier lieu, il est possible de changer le regard des autres sur le handicap en permettant de se mettre à la place de personnes en situation de handicap, par exemple par certains procédés comme « les combinaisons de vieillissement », inventées dans les années 1970 au Japon, qui consistent à simuler une perte d’autonomie : il vous suffit d’enfiler des lunettes réduisant votre champ de vision, un casque qui impacte votre audition et une combinaison (gilet, gants, genouillères et coudières) qui provoque un manque de mobilité. Ce simulateur permet de comprendre le quotidien des 1,2 millions de personnes dépendantes en France. De même, afin de sensibiliser aux problèmes causés par le handicap, la Start-up Française Bbird a créé l’application Réalité : elle permet de se glisser dans la peau d’une personne handicapée grâce à un casque VR (Réalité virtuelle).

Ces innovations nous offrent un moyen d’appréhender le handicap, en se mettant directement à la place d’autrui. Ces outils nous permettent aussi d’être au plus proche du quotidien de plus d’un quart de la population française, en apportant les informations précises et nécessaires sur le sujet, conduisant ainsi à la sensibilisation aux enjeux des personnes en situation de handicap.

Quand technologie rime avec autonomie !

En deuxième lieu, la technologie devient facilitante du quotidien.

Ainsi en 2019, après 7 ans de travail acharné, la société Wandercratf a mis à disposition des centres de rééducation l’exosquelette Atalante. Ce robot est capable de recréer une “marche humanoïde” sans déambulateur ni béquille pour les personnes en situation de handicap moteur ainsi que les personnes paraplégiques. Un véritable souffle d’espoir pour les 850 000 français à mobilité réduite.

Même la technologie la plus simple peut créer un réel gain d’autonomie : un grand nombre d’applications sont disponibles pour faciliter la vie quotidienne et développer l’autonomie d’une personne porteuse d’un handicap. Prenons par exemple l’application française AVA, destinée aux personnes malentendantes : elle retranscrit à l’écrit sur l’écran de votre smartphone, les mots d’une conversation orale.

De même, on citera les assistants vocaux sur les téléphones mobiles Android (Google Assistant) ou Appel (Siri) qui permettent de recevoir et envoyer des messages uniquement en utilisant la voix. Très utile pour ceux qui gardent une bonne audition et une bonne diction.

Les entreprises Microsoft et Google ont elles aussi développé des dispositifs spécifiques au service du handicap. Chez Microsoft, on retrouve l’application SEEING AL, qui décrit l’environnement de l’usager via des sons perceptibles à l’oreille, grâce à la caméra du téléphone. De son côté, Google a lancé LIVE TRANSCRIBE et SOUND AMPLIFIER. Le premier retranscrit un discours oral sur l’écran de votre smartphone et le second permet d’amplifier les sons d’un environnement à travers les écouteurs.

Dans ce contexte, la technologie contribue à l’accroissement de l’autonomie et procure un certain épanouissement pour les personnes en situation de handicap.

Des applications mobiles aux exosquelettes, la technologie se positionne comme un moteur d’égalité au service d’une meilleure qualité de vie et aide les personnes en situation de handicap à retrouver leur autonomie.

Quand la technologie s’associe au monde du jeu vidéo

Enfin, la technologie facilite l’accès aux mondes virtuels sans que le handicap soit un obstacle ou soit discriminant.

Flavien Gelly est un passionné de jeux vidéo. Atteint d’une atrophie congénitale du bras gauche, il aborde le sujet de la technologie et du handicap via sa chaîne Youtube. Contraint à passer son enfance à l’hôpital, sa marraine lui offre la console Mega Drive de Sega dont l’usage ne nécessite qu’une seule main. Cette console lui a alors permis de dépasser son handicap. Ce dernier souligne le terme de compensation : « Aujourd’hui la technologie va apporter une compensation à différents types de handicap. Si on prend l’exemple classique d’une personne tétraplégique en fauteuil, les fauteuils d’aujourd’hui sont de plus en plus technologiques »

Selon lui, la suppression des barrières entre personnes en situation de handicap et personnes valides passe notamment par le jeu vidéo. La réalité virtuelle, par exemple, est de plus en plus performante et accessible au regard du nombre de joueurs. Flavien Gelly insiste sur le fait que « cela permet de faire des choses que certaines personnes ne pourraient absolument pas faire. Je pense notamment à des jeux en réalité virtuelle qui permettent de faire des sports extrêmes, de découvrir des endroits etc.. »

La technologie offre donc un moyen aux personnes invalides d’être sur un même pied d’égalité que n’importe quel joueur. Les chances de victoire sur un jeu comme Mario Kart, par exemple, sont similaires tant pour une personne paraplégique, que pour une personne valide. Mais ce n’est pas tout ! Le jeu-vidéo offre aussi un moyen « d’échapper au regard des autres ». Comme le dit Stéphane Laurent, éducateur spécialisé et fondateur de l’association Game Lover : « quand on est joueur en situation de handicap, derrière un écran, on est assimilé à n’importe quel joueur, et pas d’abord à quelqu’un d’handicapé ». Le jeu vidéo pour une personne en situation de handicap, c’est d’abord un moyen d’échapper aux restrictions physiques, en faisant des choses qui seraient impossibles à faire pour eux, mais c’est aussi un moyen d’échapper aux regards des autres et mettre en place une certaine égalité.

Le métavers serait un mode accessible où chacun a sa place ? A condition bien sûr d’avoir les capacités intellectuelles et d’être formé.e pour agir dans ses mondes virtuels.

C’est prometteur pour la pratique artistique des personnes en situation de handicap, tant les mondes virtuels offrent une porte d’entrée à l’art.

Pour conclure, la technologie sous toutes ses formes offre une multitude de possibilités aux personnes considérées comme porteuse d’un handicap. Elle apporte de nouveaux moyens de procurer une certaine autonomie au service d’une meilleure qualité de vie, mais également une promesse d’égalité, de partage et d’inclusion.

Kathy Mépuis lauréate du Prix Engagées!

À l’occasion de la journée internationale du droit des femmes, la mairie du XVIe Arrondissement de Paris a décidé de récompenser six femmes d’exception grâce au Prix Engagées! qui rend hommage à l’engagement de femmes à travers six catégories. La fondatrice de La Possible Échappée s’est vue remettre le prix dans la catégorie Solidaires.

Pour la première fois, la mairie du XVIe Arrondissement de Paris a décidé de profiter de la journée internationale du droit des femmes, le 8 mars 2022, pour distinguer six femmes au parcours extraordinaire placé sous le signe de l’engagement. Le Prix Engagées! a donc récompensé des femmes dans six catégories : Chefs de tribu, Solidaires, Combattives, Précoces, Visionnaires et Créatives.

Fondatrice de la Possible Échappée, association d’intérêt général qui rassemble des personnes en situation de handicap et des professionnels du spectacle pour créer des projets artistiques alliant musique, danse, théâtre et arts plastiques, Kathy Mépuis a tout naturellement été lauréate du Prix Engagées! dans la catégorie Solidaires, qui distingue les femmes agissant pour un monde plus fraternel.

Un Prix qui vient récompenser plus de quinze ans d’engagement afin de permettre à chacun de s’exprimer à travers la danse et les arts. « La Possible Échappée est une aventure à la fois humaine et artistique », explique Kathy Mépuis. « Le champ des possibles artistiques est infini. Grâce à la richesse de nos différences, nous pouvons inventer, créer, rassembler, construire, échanger, danser. »

Presque : Un film touchant sur une amitié pas comme les autres

Le handicap au cinéma est un sujet sensible et complexe à traiter. C’est d’ailleurs pour cela que les films sur cette thématique se font rares. Or le film PRESQUE de Bernard Campan et Alexandre Jollien brise les tabous sur le handicap avec humour. Le long-métrage, qui est le sixième pour l’ex-membre des Inconnus et qui permet au philosophe suisse de faire ses premiers pas dans le cinéma, traite de l’amitié et de la quête vers le bonheur.

 

Bernard Campan et Alexandre Jollien : L’histoire d’une amitié sincère dans la vie comme à l’écran

Tout est parti d’une envie commune entre les deux comparses de longue date : de l’amitié entre Bernard Campan et Alexandre Jollien est né un long-métrage courageux, réalisé et interprété avec subtilité et délicatesse.

Cette comédie dramatique sortie le 26 Janvier 2022 raconte l’histoire de Louis (Bernard Campan), Directeur d’une société de pompes funèbres à Lausanne. À 58 ans, Louis se consacre entièrement à son métier et ne songe pas un seul instant à partir en retraite. Fidèle à son image de croque-mort, Louis n’est pas très souriant, et se concentre uniquement sur les bienfaits que lui apporte son métier. Igor (Alexandre Jollien) a 40 ans, et il est infirme moteur cérébral. La plupart de son temps, il le consacre à la lecture, à l’écart du monde. Sa seule compagnie : Nietzsche, Socrate, et Spinoza.

Par un hasard qui n’appartient qu’à la vie, les chemins de Louis et Igor vont se croiser. Sur une prise de conscience, et sans réfléchir, Louis va décider d’emmener Igor avec lui. À deux dans un corbillard pour conduire au pied des Cévennes, la dépouille d’une certaine Madeleine. Au fil d’un trajet parsemé de rencontres étonnantes, ils vont apprendre à se connaître en profitant des moments simples, mais remplis de bonheur.

Drôle et bouleversant, ce film a pour objectif de sensibiliser sur le handicap et d’apporter une nouvelle vision sur la différence : une vision solidaire, inclusive et bienveillante.  Il fait l’éloge de l’acceptation et du vivre-ensemble. « Presque » bouscule émotionnellement le spectateur et remet en question son regard et le jugement qu’il peut porter sur autrui. Selon Alexandre Jollien, « ce film est un appel à une société plus solidaire ». Il s’est porté volontaire pour ce long-métrage dans un seul but : « Aller au-delà de la honte, de la peur pour faire passer des idées, et inviter à un autre regard sur soi, le monde et les autres ».

Le long-métrage des deux amis a été très acclamé par les critiques de cinéma, qui le considèrent comme une sorte d’« ovni » dans le paysage du cinéma français. En effet, PRESQUE est un film auquel on ne s’attend pas. Le déroulement du film traverse diverses émotions toutes plus intenses et subtiles les unes que les autres. Le spectateur se laisse emporter dans ce road-movie en corbillard, passant du rire aux larmes, et de l’agacement à la compassion en un rien de temps.

Le public a également été très touché par ce long-métrage, et particulièrement par la prestation d’Alexandre Jollien, pour qui le rôle d’acteur est une première expérience. Les spectateurs ont parfaitement cerné la volonté du film, qui en plus de traiter un sujet comme le handicap, raconte l’histoire d’une amitié naissante grâce à la souffrance silencieuse de deux personnages que tout oppose. Une entente surprenante et émouvante, ayant réussi à traverser l’écran pour s’installer aux côtés de son public.

 

Alexandre Jollien : zoom sur un esprit vif atteint d’infirmité motrice cérébrale 

Alexandre Jollien, philosophe et écrivain, est né le 26 novembre 1975 à Savièse en Suisse. Handicapé de naissance, suite à son étranglement par cordon ombilical, il est atteint d’infirmité motrice cérébrale. Après avoir vécu dix-sept ans de sa vie à Sierre (Suisse) dans une institution spécialisée pour les personnes handicapées moteur cérébral, Alexandre a étudié dans une école de commerce et s’est ensuite tourné vers des études de philosophie à l’Université de Fribourg. Il découvre Socrate à 14 ans, une rencontre qui bouleverse sa vie. La philosophie devient alors « une vocation, le goût des autres, une boussole, une invitation à vivre non pas mieux mais meilleur » De 2001 à 2002, il étudie au Trinity College du Dublin et y rencontre Corine avec qui il se mariera et aura 3 enfants : Victorine, Augustin et Céleste. Aujourd’hui, Alexandre essaie de vivre à fond ses 3 vocations : père de famille, personne handicapée et écrivain.

L’infirmité motrice cérébrale, appelé également paralysie cérébrale, est un trouble du mouvement et de la posture dû à une lésion non évolutive du cerveau immature (par convention avant 2 ans) Elle provoque de nombreuses difficultés physiques, dont la spasticité sévère.

La Fondation Paralysie Cérébrale a mené des appels à projets et soutenu plus de 75 travaux de recherche chaque année depuis sa création en 2005. Ce travail a permis d’accompagner ou d’accélérer des avancées importantes dans des champs aussi divers que les neurosciences, l’imagerie médicale, la biologie moléculaire ou cellulaire, la neuropédiatrie ou la rééducation.

Pour que ce travail de recherche continue de se traduire en progrès concrets dans la vie des personnes touchées, cet effort doit être soutenu et amplifié. Pour en savoir + sur la paralysie cérébrale: https://www.paralysiecerebralefrance.fr

 

Echappez-vous : un film de La Possible Echappée

La Possible Echappée vous souhaite une très bonne année 2022 !