La technologie, source d’inclusion pour les personnes en situation de handicap

L’inclusion des personnes en situation de handicap, qui sont près de 10 millions en France, est un véritable défi social. Les innovations technologiques portées par l’intelligence artificielle, la robotique mais aussi les technologies de l’information et de la communication tentent de répondre à ce défi. En développant des solutions originales et innovantes, les handitech sont porteuses d’espoir pour améliorer le quotidien des personnes vivant avec un handicap, mais aussi leur faciliter l’accès au monde du travail et à l’art.  

Les innovations technologiques au profit des personnes atteintes d’un handicap : des solutions innovantes pour faciliter le quotidien 

Le handicap est généralement abordé au singulier, appréhendé dans une approche globale. Santé Publique France le définit comme « toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie, dans son environnement, par une personne ; et ce pour quelque raison que ce soit ». Mais il recouvre en pratique des réalités très différentes. D’ailleurs, la loi du 11 février 2005 distingue cinq catégories de handicaps susceptibles d’affecter les « fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques ». 

Face à des problématiques extrêmement variées, il est donc nécessaire de développer des solutions adaptées. C’est ce à quoi se sont attelés de nombreux entrepreneurs, qui ont mis en place des innovations techniques originales pour améliorer le quotidien des personnes atteintes d’un handicap. Si tout le monde connaît les appareils auditifs pour les malentendants, ou encore les fauteuils roulant pour les personnes à mobilité réduite, les dernières avancées sont ambitieuses et adaptées à des situations jusqu’alors sans réelles solutions. 

Par exemple, la start-up Wyes, médaille d’or du concours Lépine en 2018, a développé une technique destinée à aider les personnes victimes de la maladie de Charcot. Cette pathologie neurodégénérative paralyse progressivement le corps et prive les malades de la parole. Seuls les yeux ne sont pas touchés et peuvent cligner normalement. Partant de ce constat, cette jeune entreprise a développé des lunettes imprimées 3D munies d’un capteur qui enregistre le clignement des yeux pour former des mots. Ces derniers sont ensuite retranscrits sur une tablette et permettent aux patients aphones de maintenir une forme de dialogue avec leur entourage.  

Dans un tout autre domaine, on peut aussi citer Wandercraft, un exosquelette développé pour permettre aux personnes atteintes d’un handicap moteur et ne pouvant plus se déplacer de remarcher. Pour ceux qui ne peuvent plus marcher de façon autonome depuis longtemps, retrouver la sensation de se déplacer, voire la découvrir créé une émotion forte. Ce projet, pour le moment destiné aux déplacements dans les centres de soin, est réellement porteur d’espoir pour redonner de la mobilité à ceux qui l’ont perdue. 

La technologie, vecteur d’intégration du handicap au travail 

Si la technologie permet de faciliter le quotidien des personnes en situation de handicap, elle favorise aussi l’inclusion du handicap au travail. Certes, le droit français impose aux entreprises d’intégrer dans leurs effectifs des personnes en situation de handicap, mais en pratique, les travailleurs handicapés dans le milieu professionnel restent victimes de préjugés. En témoigne leur taux de chômage, aux alentours de 19%, soit le double du seuil des personnes valides.   

Pourtant, la technologie offre aujourd’hui des solutions permettant d’inclure le handicap au travail, sans qu’il ne soit vraiment perceptible. L’exemple le plus parlant est sans doute celui des troubles de l’apprentissage. Ces troubles « dys » se déclinent en variantes multiples : dyscalculie pour les difficultés liées aux chiffres, dyslexie pour les troubles de lecture, dysphasie pour les difficultés de langage, etc. 

Pour pallier aux difficultés des patients « dys », un grand nombre de logiciels existent. Par exemple, le programme AidoDys développé pour les dyslexiques permet, après définition des difficultés de lecture, de fluidifier la lecture en adaptant le texte aux interversions de lettres. Pour ce trouble, il existe également des stylo-lecteurs, qui lisent à voix haute les textes et limitent le temps perdu pour les comprendre.  

Mais quel que soit le handicap, les employeurs bénéficient d’aides financières pour favoriser l’embauche et le maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés. Ces aides permettent notamment de financer les technologies nécessaires à l’intégration, dans de bonnes conditions, des personnes en situation de handicap. L’intégration des travailleurs atteints d’un handicap dans les entreprises relève donc aujourd’hui plutôt d’une appréhension fondée sur des préjugés qu’il faut combattre que de difficultés réelles. 

La technologie pour faciliter l’accès à l’art aux personnes atteintes d’un handicap 

Les personnes atteintes d’un handicap sont souvent dotées d’une capacité d’adaptation et d’une sensibilité hors normes, car elles doivent faire face à des difficultés bien plus importantes que les personnes valides.  Un grand nombre d’artistes d’ailleurs sont atteints d’un handicap : le musicien Ray Charles est devenu aveugle durant son enfance, tout comme Gilbert Montagné, Leonardo Di Caprio est atteint de TOC, Tom Cruise est dyslexique, Beethoven est devenu sourd à trente ans, l’acteur Pascal Duquenne est atteint de trisomie 21… 

Cette sensibilité propre aux personnes vivant avec un handicap doit donc pouvoir s’exprimer, c’est pourquoi leur assurer un accès à l’art se doit d’être une priorité. Dans ce contexte également, la technologie offre des solutions pour démocratiser l’accès à l’art. Par exemple, innovation technologique récente, on peut citer le Virtual fauteuil, un projet développé par la Fondation EDF. Il s’agit d’un simulateur relié à un écran destiné à se mettre dans la peau d’un visiteur dont la mobilité est réduite. Ce fauteuil virtuel est actuellement utilisé dans le cadre du projet de rénovation du musée de Cluny pour le rendre accessible à tous. 

Les handitech sont plus que prometteuses pour faciliter l’existence des personnes vivant avec un handicap. Toutefois, la technologie ne doit pas occulter le fait que l’inclusion des personnes en situation de handicap passe avant tout par le lien humain, que ce soit pour améliorer leur quotidien, leur accès au monde du travail ou à l’art. C’est dans ce dernier domaine que  La Possible Echappée par l’art scénique et la danse milite, pour  donner la place qu’ils méritent à ceux qui vivent au quotidien avec un handicap.

Auteur : Mélanie Casier

Crédit image : Shutterstock

Souffleur d’images : conter l’art par les mots

Il y a dix ans, le Centre Recherche Théâtre Handicap (CRTH) a développé un service d’accompagnement artistique dédié aux personnes souffrant d’une déficience visuelle inédit : les souffleurs d’images. Les souffleurs d’images permettent aux personnes non-voyantes ou malvoyantes d’assister à des pièces de théâtre et des expositions en leur traduisant par des mots les images qu’ils ne peuvent voir. Décryptage d’une initiative unique en son genre destinée à démocratiser l’art auprès des publics présentant une déficience visuelle. 

Un accompagnement original fort de dix ans d’existence 

Le Centre Recherche Théâtre Handicap est une structure culturelle, créée en 1993 dont l’objectif est de favoriser l’accès à la culture des publics présentant un handicap. Au départ compagnie de théâtre, il a développé de nombreux outils d’accompagnement des publics en situation de handicap pour développer l’accessibilité de la culture. 

C’est en 2009, à l’occasion d’une représentation théâtrale auprès d’un public composé de voyants et non-voyants que des enseignants du Centre ont constaté que les voyants « soufflaient » la pièce aux non-voyants. Fort de ce constat de terrain, ils ont alors réfléchi à développer un service de souffleurs d’images à destination des non-voyants pour leur permettre d’assister à des représentations de théâtre et de danse, ou encore à des expositions.  

Ainsi, une formation de souffleur d’images a progressivement été mise en place. Elle permet à des étudiants en art ou des professionnels du spectacle d’apprendre à devenir souffleur d’images. La formation a pour objectif d’apprendre à décrire correctement l’espace, l’ambiance, les gestes d’un spectacle. Pendant quatre heures, les apprentis souffleurs d’images sont initiés aux problématiques auxquelles sont confrontés les non-voyants et mis en situation avec un bandeau sur les yeux. Ils peuvent alors constater l’importance du son et de la parole dans la perception d’une œuvre théâtrale. 

Ils sont également formés à traduire par des signes effectués sur la main de la personne non-voyante certains éléments comme la disposition des protagonistes de la pièce ou les éléments du décor dans l’espace. Cette traduction physique de l’espace et des mouvements est particulièrement intéressante pour les représentations de danse. 

Après leur formation, les souffleurs d’images interviennent bénévolement sur demande des personnes atteintes de déficience visuelle pour les accompagner aux spectacles de leur choix. Pour développer la pratique, le CRTH a mis en place de nombreux partenariats en Ile-de-France. Ces partenariats permettent aux souffleurs d’assister gratuitement aux spectacles en échange de leur service. 

Le souffleur d’images : un conteur permettant aux malvoyants d’accéder à l’art à travers un moment de partage 

L’accès à la culture pour les publics malvoyants est accessible dans certains secteurs depuis les années 1990 grâce aux programmations en audiodescription. Ce dispositif, développé à l’origine au cinéma et à la télévision, a depuis gagné du terrain et est disponible dans certains musées nationaux et dans quelques salles de spectacles. 

L’audiodescription consiste à décrire les éléments visuels comme les décors, les costumes ou les déplacements tout au long des films ou représentations. Cela permet aux personnes atteintes d’un trouble visuel de comprendre l’intégralité de l’œuvre, en particulier pendant les moments de silence. Grâce à un casque, le spectateur malvoyant peut ainsi suivre par la parole les actions qu’il ne peut voir. 

Cependant, cette technique présente de nombreuses limites. En effet, si pour les films cinématographiques et télévisuels l’audiodescription est relativement répandue, elle peine à s’imposer dans les salles de spectacle. La conséquence directe est que l’accès au théâtre et aux représentations de danse des personnes malvoyantes est plus que limité. 

C’est dans ce contexte qu’intervient le souffleur d’images : grâce aux nombreux partenariats développés par le Centre Recherche Théâtre Handicap, les souffleurs d’images peuvent accompagner les amateurs d’art souffrant d’un handicap visuel dans près de 90 salles de spectacles parisiennes

Par ailleurs, alors que l’audiodescription est une pratique solitaire, le souffleur d’images permet de recréer du lien social. En effet, en instaurant une pratique basée sur la description directe et le toucher de la main, le souffleur d’images et la personne malvoyante forment un duo, réinterprétant le spectacle à travers la sensibilité de chacun. Le souffleur se doit d’être le plus objectif possible mais insuffle tout de même sa vision du spectacle, avec sa propre représentation. De même, la perception des représentations par la personne atteinte du handicap visuel est interprétée par le filtre de sa propre sensibilité, son propre imaginaire. 

Le souffleur d’images est donc un conteur, un créateur d’images par la parole. Il offre aux personnes atteintes d’un handicap visuel un moyen d’accéder à l’art, mais aussi de partager un moment à deux. Le souffleur et le non-voyant forment alors un duo liant deux sensibilités différentes pour (ré)interpréter les œuvres théâtrales dans une approche inclusive. Le succès de cette pratique initiée par le Centre Recherche Théâtre Handicap est réel : près de 200 personnes font appel aux services des souffleurs d’images chaque année en Ile-de-France. L’objectif de cette structure culturelle est à terme de développer cette pratique ailleurs en France et même, dans un futur un peu plus lointain, ailleurs en Europe et dans le monde.   

Auteur : Mélanie Casier

Crédit image : Shutterstock

Cinq idées reçues sur la danse et le handicap

Tous les danseurs atteints d’un handicap le diront : danser leur permet de dépasser leurs limites et surtout de mettre en valeur leurs talents au-delà de leur différence. Pourtant, les initiatives artistiques inclusives et accessibles aux personnes en situation de handicap restent relativement rares et surtout, elles sont peu connues du grand public. Cela ne contribue pas à lever les préjugés dont les artistes handicapés et les danseurs handicapés en particulier restent victimes. Retour sur cinq préjugés courants sur la danse et le handicap, à combattre. 

1 – Une personne en fauteuil roulant ne peut pas danser

Qui dit danse, dit mouvement. La danse est liée à la capacité du corps à se mouvoir dans l’espace, à faire naître une émotion par le mouvement. Or, la mobilité des personnes en fauteuil roulant est toujours réduite. Beaucoup font alors le raccourci et supposent qu’une mobilité réduite empêche de danser, mais rien n’est moins vrai. 

En effet, dans la danse contemporaine notamment, la volonté première est de questionner les limites du spectacle, d’interpeller le spectateur. Pour cela, chorégraphes et danseurs abordent les questions du mouvement et du corps en représentation. Libérée des courants esthétiques et des codes, la danse contemporaine détourne les concepts, métisse les arts et permet donc de mettre à l’honneur la différence du handicap. 

Danser en fauteuil, en utilisant le mouvement mécanique de celui-ci, et composer avec des contraintes du corps ouvrent des champs nouveaux et permettent de transmettre des émotions différentes au spectateur. Il est donc tout à fait possible d’être danseur, malgré des problèmes de mobilité, comme en témoigne les créations de la compagnie de danse Regards en Lignes de La Possible Échappée.

2 – Il n’est pas possible d’être un professionnel de la danse lorsque l’on est atteint d’un handicap 

Il y a beaucoup de danseurs professionnels qui aspirent à vivre de leurs talents. Pourtant peu d’entre eux bénéficient du soutien d’une compagnie établie : c’est un défi que de se faire connaitre et d’être reconnu, souvent au prix d’efforts personnels et physiques importants ! Pour des personnes atteintes de handicap, c’est encore plus difficile de vivre de la danse. 

Pourtant, le handicap physique n’est pas un frein insurmontable lorsqu’il s’agit d’embrasser une carrière de danseur. Par exemple, les danseurs de la compagnie anglaise Candoco, l’une des plus anciennes compagnies de danse mêlant artistes valides et non valides, sont tous professionnels. 

De plus, travailler dans le milieu de la danse ne signifie pas forcément être danseur. De nombreuses personnes en situation de handicap travaillent dans ce secteur, que ce soit dans les coulisses pour gérer le son ou la lumière ou dans la création en tant que chorégraphe, à l’image de Magali Saby, qui a collaborée avec La Possible Echappée et est à la fois danseuse, comédienne et chorégraphe… Mais aussi en fauteuil roulant. 

3 – Les cours de danse inclusifs ne sont pas intéressants pour les personnes valides  

Des cours de danse inclusifs émergent un peu partout sur le territoire et proposent des ateliers mêlant danseurs valides et non valides. Pourtant, ils ne sont pas reconnus avec tout leur potentiel de création, d’esthétisme et d’exigence pour se perfectionner dans la danse. 

Cette image des cours de danse inclusifs est bien dommage, car les danses actuelles tendent à réinventer le mouvement, à questionner l’expression corporelle et les émotions transmises par la danse. Ainsi, s’investir dans une compagnie composée de danseurs à la fois valides et non valides permet d’aller plus loin dans ces questionnements, de réinventer les possibilités du corps autrement, pour dépasser les limites découlant du handicap. 

D’ailleurs, les danseurs qui s’investissent dans des compagnies mixtes s’accordent sur le fait que l’expérience est enrichissante, fait la part belle à l’écoute. La co-création est au cœur de la démarche artistique, c’est ce qui fait la force des cours de danse inclusifs comme en conviennent les artistes valides de notre compagnie Regards en Lignes. Pour Marc Marchand, danseur, comédien et marionnettiste qui met son talent au service de la compagnie, l’expérience est « différente, mais tellement enrichissante ». Quant à Margot Salles, danseuse professionnelle au sein de la troupe, elle se dit « fière de faire partie de cette aventure » où la création artistique se nourrit des personnalités de chacun pour faire naître des œuvres ambitieuses qui permettent de laisser transparaître le monde intérieur et la sensibilité de tous les danseurs. 

4  –  Les professionnels de la danse ne sont pas formés pour intégrer les personnes en situation de handicap dans les cours de danse 

Contrairement aux autres préjugés sur la danse et le handicap, celui-ci n’est pas totalement le faux. En effet, si de plus en plus de formations sont ouvertes aux personnes en situation de handicap, il est difficile pour les professionnels de la danse de pouvoir correctement les accueillir, compte-tenu du manque de formation, de la diversité du handicap ou de l’accessibilité des salles. On ne peut comparer les problématiques auxquelles sont confrontés les enseignants face à un enfant atteint de trisomie, d’autisme ou qui a perdu la vue. C’est pourquoi, dans de nombreux cas, les enseignants doivent composer au cas par cas, se renseigner et en discuter en amont. 

Toutefois, de plus en plus de cours adaptés à la diversité du handicap se développent. Ainsi, les ateliers pédagogiques de La Possible Echappée reprennent le canevas issu des professionnels des arts vivants, en le modifiant pour tenir compte des particularités des élèves. Classiquement, les ateliers comportent un accueil et une mise en condition, un échauffement, un travail thématique et un temps de retour au calme, de recentrage et d’échanges. Cette façon de procéder vise à stimuler la créativité et l’écoute de l’autre, mais aussi à développer le sens critique et l’autonomie des participants, en mettant l’élève au cœur du projet artistique pour encourager la co-création, fil rouge du travail pédagogique. 

L’équipe pédagogique de La Possible Échappée, composée de professionnels des arts vivants de différents horizons, coordonnée par Patricia Darif, tient tout particulièrement à permettre aux différentes sensibilités de se révéler par la pratique de la danse et intègre pleinement à cette fin les ressentis des élèves pour améliorer constamment les ateliers proposés. Elle offre par ailleurs ses compétences aux conservatoires de danse qui le souhaiteraient.

5 – La danse n’est pas adaptée à tout type de handicap 

On parle souvent du handicap au singulier. Cependant, il n’existe pas un handicap mais des handicaps, généralement distingués en cinq grandes catégories : le handicap moteur, le handicap psychique, le handicap mental, le handicap sensoriel et les maladies invalidantes. 

Intégrer un danseur handicapé dans une troupe suppose une adaptation propre au handicap de chacun. La dyspraxie ne peut être appréhendée de la même manière que la mobilité réduite ou la surdité. Pourtant, quel que soit le type de handicap, la danse se révèle vertueuse.  Pour chacun, la danse offre la possibilité de reprendre confiance dans son corps et en soi, de s’approprier autrement l’espace, de renforcer la relation à l’autre et de gagner en autonomie. 

La danse inclusive est donc bénéfique tant pour les personnes atteintes de handicap, que pour ceux qui dansent à leur côté. En s’investissant dans la danse, les personnes en situation de handicap peuvent reprendre confiance en elles et se sentir intégrées dans la société. Quant à ceux qui travaillent avec elles, ils peuvent aller plus loin dans l’expression de leur art, la réinventer, ce qui permet de créer et de se réinventer perpétuellement. Aussi, chacun a sa place dans la danse. C’est d’ailleurs l’objectif phare de La Possible Échappée. En proposant des ateliers pédagogiques au sein d’établissements spécialisés ou des représentations de la compagnie de danse Regards en Lignes –  compagnie composée d’artistes valides et non valides-, La Possible Échappée prouve que tout est possible au travers de la danse : le handicap s’efface pour ne laisser place qu’aux talents et aux émotions.

Crédit image : Unsplash.

Tempo – Étape du projet en octobre 2021

Charles Gardou, une source d’inspiration pour La Possible Échappée

Qui est Charles Gardou ? 

Professeur de sciences politiques à l’université de Lyon, il consacre ses travaux anthropologiques à la diversité humaine, à la vulnérabilité et à leur multiples expressions. Il est l’auteur d’une vingtaine de livres aux éditions Eres.

Grâce à une plume juste et philosophe, il donne un éclairage sur le handicap très touchant. C’est en lisant quelques-uns de ses ouvrages que Kathy Mépuis, fondatrice de La Possible Échappée a désiré renforcer son engagement auprès des personnes exclues de la société. 

Fragments sur le handicap et la vulnérabilité 

Dans cet ouvrage, Charles Gardou évoque la notion de normes qui influencent au quotidien notre vision du monde et des personnes qui le composent. Ce sont ces normes qui selon lui “opposent, marginalisent et enferment”. Ce sont elles qui nous empêchent d’aller à la rencontre des personnes qui ne sont pas “comme les autres” et de bâtir avec eux des relations saines et simples. Découlent ainsi de ces normes deux mondes, l’un pour les “valides”, l’autre pour les personnes en situation de handicap. De ce fait, “nous sortons difficilement de la culture des lieux spécialisés et des territoires séparés, conduisant les « personnes en situation de handicap » à une existence insularisée, périphérisée.”

Il manque aujourd’hui une vraie “intégration” des personnes en situation de handicap au sein de la cité. Les divers établissements spécialisés (écoles, foyers de vie…) qui leur sont adaptés et réservés ont un rôle crucial bien sûr dans leur quotidien. Néanmoins, cette scission entre les lieux réservés aux “bien-portants” d’une part et aux “handicapés” d’autre part ne fait que renforcer ce sentiment d’insularisation, d’isolement et de séparation. 

Susciter une révolution culturelle, désinsulariser le handicap

Pour faire face à cela et intégrer toujours et encore plus les personnes en situation de handicap au sein de la société, Charles Gardou préconise une véritable révolution culturelle. 

Teilhard de Chardin affirmait que “pour s’unir, il faut se sentir différents, ajoutant même que l’union différencie”. L’alternative réside selon Charles Gardou dans une révolution de la manière de penser et de prendre en compte le handicap. –

 Pouvoir-être-soi-même

Au-delà des violences concrètes, les personnes en situation de handicap subissent des violences symboliques silencieuses, d’autant plus insidieuses qu’elles s’ignorent. Elles ont pour nom l’ignorance, l’indifférence, la fuite, l’incompréhension, la culpabilisation, l’indélicatesse, la marginalisation, la suffisance et parfois le mépris. Selon Charles Gardou, il est crucial de laisser aux personnes en situation de handicap la possibilité d’être pleinement elles-mêmes en ayant envers eux non pas de la compassion et de la charité mais en rétablissant une symétrie et une esthétique au sein de nos relations. 

Ouvrir une brèche dans le visible, tisser la reliance

Afin de laisser chacun être soi-même, il nous faut porter un autre regard sur le handicap. C’est en arrêtant de se fixer sur le handicap en tant que tel que l’on peut enfin percevoir la personnalité et l’unité de la personne que nous avons en face de soi. 

De plus, même si le handicap apparaît souvent comme une lutte sans répit avec l’adversité, il apparaît aussi et heureusement bien souvent sous d’autres formes. Même s’il peut être très dur à vivre, “le handicap préserve et affermit paradoxalement ce qui constitue l’essence humaine”. Le handicap nous rappelle à tous que ce qui fait d’un homme un homme n’est pas son esthétique extérieure, le vernis et le paraître mais bel et bien l’imperfection, le défaut, la fragilité et la vulnérabilité. 

Ainsi, “le handicap brise la stratification de l’ordre établi, décolle les paillettes, arrache les masques qui déguisent les conduites sociales, fait tomber en abîme toute illusion humaine”. Il confronte tout un chacun à ce qu’il pourrait être et à ce qu’il peut devenir. 

Selon Charles Gardou, grâce aux plus vulnérables, et à la reliance que nous saurons tisser avec eux, la noblesse humaine et l’espérance retrouveront leur place. 

La Possible Échappée et sa compagnie de danse Regards en Lignes ont pour but d’intégrer au sein même de la cité les personnes en situation de handicap et de leur laisser la possibilité d’exprimer leurs talents. En rendant accessible l’art, domaine encore malheureusement bien souvent réservé aux “valides”, la Possible Échappée au travers de ses ateliers pédagogiques au sein d’établissements spécialisés et à sa compagnie de danse Regards en Lignes contribuent à faire évoluer les mentalités et la vision que nous avons du handicap. Grâce à la danse, au mime et au théâtre, le handicap s’efface pour laisser place aux talents. Les élèves et les artistes peuvent ainsi être eux-mêmes et laisser exprimer pleinement leur sensibilité. 

Danse et autisme : valoriser l’expression de soi

“Danser, c’est comme parler en silence. C’est dire plein de choses sans dire un mot.”

Danser pour s’exprimer, s’évader, s’affirmer… Danser pour exister avec ses singularités, pour mettre des gestes sur une souffrance, une joie ou une pensée.

Rendre la danse et plus généralement la culture accessibles, c’est le cœur de notre projet associatif “La Possible Échappée” et de notre compagnie Regards en lignes. Mais qu’apporte réellement ce mode d’expression aux danseurs de notre association ?

Changer le rapport au corps 

Un corps différent, avec des membres parfois paralysés, manipulés uniquement par du personnel soignant. Un regard négatif sur un physique qui ne correspond pas aux standards de la société, une posture ou un visage marqués. Autant de différences qui peuvent être source d’angoisse et provoquer un sentiment d’infériorité pour les personnes concernées.

Prendre conscience de son corps et de ses possibilités, apprendre à valoriser cette enveloppe trop souvent mal-aimée, c’est l’un des moteurs de la danse.

Qu’il soit physique ou mental, le handicap peut être paralysant et notre pédagogie s’adapte à chaque personne. A travers des gestes adaptés, nos chorégraphes imaginent des créations mêlant tous les possibles, pour que la différence ne soit plus une source d’exclusion mais bien de création. 

Le rapport à soi et le rapport à l’autre peuvent ainsi s’expérimenter, s’exprimer à travers le contact physique, la peau en étant le vecteur privilégié. Fondée sur le contact physique, la danse redonne alors une certaine mobilité.

“La danse c’est quelque chose qui a trait avec ce que l’on appelle l’intime et elle advient à chaque fois qu’un corps se révèle à soi-même.” Meg Stuart, chorégraphe

L’autisme est aujourd’hui considéré comme un “handicap mental profond et permanent”. Il relève de ces trois symptômes : les troubles de la socialisation, de la communication et des comportements.

Quand on danse, la vue, l’ouïe et le toucher sont mobilisés, soit trois sens sur cinq. Le travail avec le miroir, l’observation de l’autre et du mouvement permettent de stimuler la vue. La musique, dont les vertus ne sont plus à prouver, mobilise l’ouïe. Quant au toucher, il est permis par les interactions avec les différents danseurs, ainsi qu’avec le chorégraphe. Cette triple stimulation possède des vertus non négligeables et placent ainsi l’art de la danse en véritable activité thérapeuthique.

Oublier le handicap

En rejoignant une troupe, le danseur fait partie d’un ensemble. Notre compagnie “Regards en Lignes” intègre des danseurs valides comme non-valides afin que les individus ne se démarquent plus par leurs différences mais par leurs compétences.

Le rapport avec le public est valorisant. Quand les ateliers aboutissent à la représentation d’un spectacle, c’est une consécration pour nos danseurs. “Le spectacle me permet d’être reconnue et de prouver que je suis capable de” disait Kathia, l’une de nos danseuses.

Le rapport à l’autre – problématique omniprésente dans le cas de l’autisme, par exemple – est modifié. La danse devient alors un moyen de communication en tant que tel et la création peut prendre forme.

Après tout, il suffit d’une lettre pour passer d’autiste à artiste.

 

Cinq BD sur le handicap à dévorer cet été

La Possible Echappée veille dans les créations artistiques à sensibiliser l’opinion publique sur les enjeux de la vie au quotidien des personnes en situation de handicap. Si tous les arts permettent de traiter de la question, l’été est l’occasion idéale pour redécouvrir le plaisir de la littérature. Pour changer du traditionnel roman de poche, la bande dessinée, longtemps considérée à tort comme un genre littéraire mineur s’impose de plus en plus pour parler du handicap avec justesse, humour et délicatesse. Pour vous accompagner pendant vos vacances, nous vous avons donc sélectionné cinq BD traitant du handicap à glisser dans votre valise pour le plus grand plaisir des petits et des grands. 

1 – Un amour simple, de Bernard Grandjean, 2011 : la plus romantique

Dans des tons de bleus avec un dessin au trait lâché et simple, Bernard Grandjean raconte l’histoire d’amour de Nono et Lucy, deux résidents du centre d’hébergement des Acacias qui accueille des personnes atteintes de handicap mental. Alors que leur quotidien est rythmé par la prise de médicaments, un jour, Lucy dérobe un livre sur les océans et mers de France dans un supermarché. Devant la beauté de ces paysages qu’ils n’ont jamais vus, les amoureux décident alors de fuir pour aller voir la mer. 

Avec la simplicité habituelle de son verbe, l’auteur dresse les portraits touchants et singuliers de ses deux protagonistes, allant au-delà de leur handicap et qui rêvent de voyage. Cette bande dessinée, en bichromie dominée de tons bleus, a été récompensée en 2012 par le Prix BD de la différence au Festival d’Angoulême. 

2 – Le charme discret des petites roues, de Paul Samanos, 2018 : la plus drôle 

Paul Samanos, né en 1968, est tétraplégique depuis l’âge de 16 ans suite à un accident de rugby. Lourdement paralysé, il mène toutefois une vie autonome et se forme au journalisme. Après plusieurs années au service de la presse, convaincu que l’humour est le meilleur moyen pour parler des sujets graves, il se lance dans la bande dessinée. Récompensé à de multiples reprises, notamment par le Prix Spécial du Jury Handi-Livres en 2010 pour son album Fauteuils en état de siège, il revient avec Le charme discret des petites roues, récompensé d’un nouveau prix au Festival Handi-Livres en 2018. 

Cet album, inspiré de son propre vécu et donnant libre cours à son imagination, offre une vision originale et drôle du quotidien des personnes en fauteuil roulant qui fait du bien au moral : difficultés administratives, accessibilité des lieux publics, système D, gaffes, l’auteur s’en donne à cœur joie. S’amusant de lui-même et de sa condition, mais aussi résolument moqueur à l’égard des valides, cette BD regroupe 112 pages de gags drôles et piquants. A découvrir d’urgence.  

3 – Ce n’est pas toi que j’attendais, de Fabien Toulmé, 2014 : la plus touchante

Album racontant l’histoire personnelle de l’auteur, Ce n’est pas toi que j’attendais traite de la délicate question de l’arrivée d’un enfant handicapé dans la vie d’une famille. L’auteur et sa femme Patricia découvrent à la naissance de leur seconde fille, Julia, que la petite est atteinte de trisomie 21, ce qui n’avait pas été détectée pendant la grossesse. Le choc est particulièrement rude pour les parents. 

Fabien Toulmé raconte le point de vue d’un père face à ce « cataclysme »: l’angoisse, le dégoût, la colère, le rejet mais aussi son chemin vers l’acceptation, rien n’est caché au lecteur. Parfois avec des mots durs, mais aussi de l’autodérision et de l’humour, il réussit avec brio à aborder ce sujet encore tabou avec une sincérité éblouissante.  

4 – La différence invisible, Julie Dachez et Mademoiselle Caroline, 2016 : la plus féminine

Cette bande dessinée raconte l’histoire de l’une des auteures, après avoir découvert qu’elle souffrait d’un trouble du spectre autistique. La lecture débute sans dévoiler le handicap dont souffre l’héroïne. Le lecteur est plongé avec douceur dans le monde de Marguerite : son quotidien, ses angoisses, ce qu’elle affectionne et ce qui l’irrite. Rapidement, sa différence se fait sentir, mais de quoi résulte-t-elle ? Le diagnostic finit par être posé : Marguerite est autiste asperger. 

Sans tomber dans la pitié ou la tristesse, les deux auteures retracent le parcours de cette jeune femme, atteinte d’une pathologie invisible aux contours encore méconnus. Grâce à des paroles justes et des illustrations en noir et blanc ponctuées de touches de rouge intelligemment utilisées, cet album permet de changer notre regard et nos a priori sur l’autisme. 

5 – Des fourmis dans les jambes, Arnaud Gautelier, 2012 :  la plus graphique

Également autobiographique, cet album s’intéresse à la vie d’Alex Gaultier, 33 ans, publicitaire, heureux en mariage et papa d’une petite fille en pleine santé. Il semble avoir tout pour être heureux mais cette façade cache une réalité plus difficile à vivre : Alex est atteint de la sclérose en plaques depuis l’âge de 21 ans. L’ouvrage relate son quotidien, partagé entre visites à l’hôpital, chimiothérapies, inadaptation de la capitale au handicap et douleurs fulgurantes qui le prennent sans crier gare. Lorsque sa compagne est mutée à Nantes, Alex décide de la suivre et découvre, étonné, un monde totalement différent de celui qu’il connaissait : des gens polis, des trottoirs propres, il envisage même une nouvelle thérapie. 

Par cet album, l’auteur réussit à décrire avec délicatesse et sans l’édulcorer la vie de ceux qui sont atteints de la sclérose en plaques, entre douleurs, incompréhensions, mais aussi lourdes dépenses engendrées par la maladie. Les dessins en noir et blanc renforcent le sentiment de force mentale du héros et fait de ce roman graphique une ode aux malades qui se battent au quotidien contre cette pathologie dégénérative.  

Le 9ème art gagne donc à être plus considéré comme moyen de sensibiliser au handicap. Avec une grande justesse, les auteurs souvent eux-mêmes atteints du handicap dont ils parlent, réussissent à transporter le lecteur dans leur univers pour évoquer de façon poétique certaines problématiques parfois méconnues sur le handicap, sans jamais tomber dans l’excès de pathos ou la mièvrerie. Cette sélection n’est pas exhaustive : bien d’autres ouvrages traitent du handicap, n’hésitez donc pas à nous partager les BD et livres qui vous inspirent sur la question !

Crédit image : Unsplash.

La danse-thérapie : une méthode pour aller mieux grâce à la danse

La danse-thérapie est une forme d’art-thérapie, qui vise à soigner grâce à la création artistique et à la danse. Originaire des Etats-Unis, la danse à visée thérapeutique présente de nombreux bénéfices pour améliorer l’état de santé de personnes atteintes de pathologies diverses. Encore relativement discrète en France, elle s’impose doucement comme méthode d’art-thérapie à part entière. Présentation d’une technique de soin qui gagne à être connue.   

La danse-thérapie : une forme d’art-thérapie originaire du continent américain

L’idée que l’art peut avoir des vertus curatives est ancienne. En Europe, le courant en faveur des pouvoirs thérapeutiques de l’art s’est développé durant les années 20 grâce aux psychiatres, pour la plupart allemands et suisses. A cette époque, plusieurs de ces spécialistes constatèrent que, dans les hôpitaux psychiatriques, le dessin permettait d’apaiser les malades. 

Ainsi, des médecins comme l’allemand Hanz Prinzhorn ou encore le suisse Walter Morgenthaler, auteur en 1921 d’un ouvrage intitulé Un malade mental en tant qu’artiste, font état dans leurs écrits de l’intérêt artistique des œuvres des malades (qualifiées par la suite d’art brut par Jean Dubuffet et André Breton), y relatent des anecdotes sur le processus créatif et surtout commencent à parler des fonctions libératrices du dessin sur les patients, qui participe à l’amélioration de leur état de santé. 

Mais alors que sur le continent européen, les vertus thérapeutiques de l’art se concentrent au départ sur le dessin et la peinture pour améliorer la santé de certains patients atteints de maladies mentales, dès les années 1940, le potentiel thérapeutique de la danse intéresse outre-Atlantique. 

En effet, sous l’influence de l’usage de la danse depuis des millénaires par les communautés indiennes à l’occasion de rituels de guérison ou de fertilité, son utilisation en tant qu’outil thérapeutique a suscité très tôt l’intérêt de la communauté scientifique aux Etats-Unis. Selon l’association américaine de danse-thérapie, les débuts de cet art-thérapie remontaient aux cours de danse organisés par Marian Chace

Cette chorégraphe, danseuse de formation, s’est mise à s’intéresser à ses élèves et aux bénéfices qu’ils tiraient de la danse suite à un épisode personnel douloureux. Sa réputation d’enseignante spéciale s’est rapidement répandue, au point que des médecins et psychiatres lui envoient certains de leurs malades. Ainsi, dès 1942, elle est invitée à travailler à l’hôpital St. Elizabeth à Washington, un hôpital psychiatrique fédéral ouvert à de nouvelles méthodes de traitement de groupes. Elle y créa le premier atelier de danse-thérapie, avant de devenir thérapeute à temps plein en 1947.  Une vingtaine d’années plus tard, elle fonde l’American Dance Therapy Association

Par la suite, l’intérêt pour les vertus thérapeutiques de la danse n’eurent de cesse de se renforcer aux Etats-Unis et la danse-thérapie fit l’objet de plusieurs études, notamment en psychothérapie. Les bénéfices de cette pratique pour améliorer l’état de santé de malades atteints de pathologies variées aboutirent dès les années 1980 à une véritable reconnaissance de ce que les américains appellent la dance/movement therapy (DMT). Depuis, la danse-thérapie est une forme d’art-thérapie à part entière sur le continent américain. En France, elle reste une discipline encore peu connue d’art-thérapie, mais elle tend à se démocratiser.

Que l’on soit atteint de handicap ou non, les bénéfices de l’activité physique sur la santé ne sont plus à démontrer. D’après l’OMS, l’activité physique régulière entraine une amélioration globale de son métabolisme et agit aussi sur les risques de dépression en améliorant l’humeur ! 

Pour sa part, la création artistique présente aussi des intérêts bien réels. D’après une étude menée par l’université de Drexel aux Etats-Unis en 2016, la création artistique permet entre autres de réduire le stress et l’anxiété et ce, quel que soit le niveau du pratiquant, dès lors que l’activité est pratiquée 45 minutes. 

L’intérêt de la danse-thérapie est donc de combiner à la fois les bienfaits de la création artistique et de l’activité physique. Ces vertus sont particulièrement intéressantes pour les personnes en situation de handicap tant moteur que mental. 

Telle que pratiquée de nos jours, la danse-thérapie s’appuie sur l’anthropologie, la psychanalyse et la technique de l’expression primitive, tout droit venue des Etats-Unis et qui vise à renouer avec ses racines grâce à des rythmes balancés et des gestes simples, à l’image de ceux des danses populaires. Le travail du thérapeute est dans ce contexte de guider et d’accompagner les gestes des patients par la voix, pour augmenter la puissance émotionnelle qui ressort des mouvements, pour finir sur un temps d’écoute afin que les danseurs puissent exprimer leur ressenti. 

Concrètement, les bénéfices tangibles de la danse-thérapie sont difficilement quantifiables. Toutefois, la pratique régulière de danse-thérapie a montré des améliorations notables de l’état de santé des pratiquants atteints de handicap divers, comme la maladie de Parkinson, la trisomie et plus généralement les déficiences intellectuelles ou encore l’autisme. 

C’est justement pour améliorer l’état de santé des personnes atteintes de ces handicaps qu’a été fondé au Canada en 2013 au sein des Grands Ballets un Centre National de danse-thérapie. Cette division des Grands Ballets est une initiative unique au monde, dédiée à la promotion de la thérapie par la danse en intégrant de la recherche clinique mais aussi des formations destinées aux professionnels de la danse qui voudraient devenir thérapeutes. 

En France, les ateliers de danse-thérapie sont moins connus mais la pratique se développe doucement. Preuve en est la création depuis octobre 2017, à la Pitié-Salpêtrière d’ateliers de danse-thérapie pour aider les patients atteints de la maladie de parkinson. Ces séances qui utilisent la technique de l’expression primitive montrent des effets prometteurs. Au bout de quelques séances, les malades constatent tous une amélioration de leur moral, se sentent moins isolés et remarquent surtout une amélioration de leur mobilité au quotidien qui leur permet de retrouver plus d’autonomie.  

La danse-thérapie est de plus en plus enseignée en France, ce qui est une très bonne chose. Elle nourrit la multiplication d’ initiatives comme celles de la Pitié-Salpêtrière qui témoignent de l’intérêt croissant porté à la discipline, qui sera sans doute amenée à se développer dans les prochaines années. L’équipe pédagogique et chorégraphique de La Possible Échappée ne peut que se réjouir de ces avancées après plus de quatorze ans d’animation d’ateliers pédagogiques de danse à destination des personnes en situation de handicap.  Nos professeurs ainsi que le corps médico-social avec qui nous travaillons depuis des années constatent une nette ouverture et mieux-être des participants suite à nos ateliers. A cet effet, dans le cadre de ses ateliers , l’association accueille régulièrement des stagiaires en danse Thérapie. Nous sommes convaincus des vertus de la danse pour le corps et l’esprit de tous, valides ou non.