Favoriser la professionnalisation des personnes en situation de handicap dans les métiers artistiques : les conclusions du programme Clap Hands
Clap Hands est un programme Erasmus + débuté en 2017 visant le développement de la professionnalisation des personnes en situation de handicap dans les métiers de l’art et de la culture au niveau européen. Le programme regroupe de nombreux acteurs institutionnels et associatifs en Espagne, en Belgique, en Suède, au Portugal et en France (l’ Institut régional du travail social de Montpellier et de Perpignan, l’Association Départementale des Pupilles de l’Enseignement Public 66 et l’ESAT artistique la Bulle Bleue). À l’occasion de sa conférence finale organisée le 21 novembre à Montpellier, La Possible Échappée assistait aux conclusions du programme pour favoriser la professionnalisation des personnes en situation de handicap dans les métiers artistiques. Retour sur cet évènement.
La pratique artistique présente de nombreux bénéfices pour les personnes en situation de handicap : meilleure confiance en soi, capacité à s’exprimer autrement, à dépasser le handicap, changement du regard de la société. L’accès aux disciplines artistiques est pour ces raisons jugé particulièrement important pour les personnes en situation de handicap. C’est une des principales conclusions du programme Clap Hands. Dans tous les pays ayant participé au projet, le constat est le même : il faut faciliter l’accès aux métiers artistiques des personnes en situation de handicap.
Mais, malheureusement, un autre constat est qu’à l’heure actuelle, la professionnalisation des personnes en situation de handicap reste difficile.
En France en particulier, le personnel médico-social n’est pas assez formé à l’importance de l’art pour les personnes en situation de handicap et l’est encore moins lorsqu’il s’agit d’accompagner une personne pour devenir artiste professionnel. Pourtant, la loi Handicap du 11 février 2005 et certaines dispositions de la loi NOTRe de 2015 ont posé le principe d’accessibilité de tous à la culture.
En pratique, les dispositifs d’accompagnement sur le terrain des personnes en situation de handicap qui souhaitent vivre de leurs talents d’artiste restent largement à améliorer, tant du point de vue des acteurs institutionnels, comme Audiens, l’Agefip, ou la DRAC que des conservatoires qui ont besoin d’être accompagnés pour accueillir ces artistes.
Lors de la conférence, il a été mis en avant le travail des artistes de la Bulle Bleue qui est un ESAT artistique avec du personnel médico-social apte à accompagner les artistes.
Certains de ces artistes participent à des troupes professionnelles, en étant mis à disposition par l’ESAT auprès de ces troupes.
Même si le travail fait par La bulle Bleue est exemplaire, cette approche ne peut pas être érigée comme permettant durablement de créer des parcours professionnels pour les artistes en situation de handicap, car, en France, il ne se crée plus d’ESAT.
D’autre part, on ne peut pas demander à tous les artistes handicapés en devenir d’être accueillis dans un ESAT pour exercer leur professions, compte tenu de la nature des ESAT.
De plus les artistes d’un ESAT vivent de leurs indemnités Handicap et non de cachets d’artistes.
La Possible Échappée, par son approche associative et inclusive, fédérant des artistes de tous horizons dans une démarche artistique, ouvre une voie pour faire reconnaitre la qualité d’artiste aux personnes en situation de handicap.
Les conclusions du programme Clap Hands mettent en lumière le parcours difficile des artistes en situation de handicap pour être reconnus en tant que professionnels. À l’échelle européenne, l’accessibilité aux professions artistiques des personnes en situation de handicap pourrait devenir plus effective si la question était portée dans les projets de l’Union pour l’emploi et l’innovation, dans une approche pluridisciplinaire, avec un soutien du Fonds européen de développement régional et du Fonds Social Européen. Néanmoins, certaines initiatives nationales sont de véritables sources d’inspiration comme la loi suédoise sur les services et le soutien à certaines personnes atteintes d’incapacités fonctionnelles (LSS) de 1993. Elle permet aux personnes en situation de handicap d’obtenir une assistance personnelle financée par la municipalité. L’assistant peut alors accompagner la personne en situation de handicap dans un grand nombre de situations, notamment dans l’exercice de sa pratique artistique. Un bel exemple bientôt copié en France ? L’avenir le dira.